L’amour sous algorithme, la nouvelle création théâtrale de La Tricoterie, fabrique de lien social où événementiel et engagement durable se conjuguent
Le 14 octobre 2024
Infos locales
Bruxelles, ville de rencontres et de diversité, révèle un trésor culturel en son sein : La Tricoterie. Ancré dans une démarche sociale, cet espace événementiel durable se distingue par une programmation qui attire un public éclectique. Ses salles, dédiées tantôt aux mariages et aux séminaires d’entreprise, s’ouvrent également à des concerts, des ateliers, des spectacles vivants et surtout... à des représentations de théâtre ! Avec “L’amour sous algorithme”, création théâtrale à la fois engagée et émouvante produite par les gérants des lieux, l’établissement promet de susciter l’intérêt d’un auditoire plus vaste et issu de multiples horizons.

À quelques encablures de la gare du Midi, au cœur du quartier de Saint-Gilles, une ancienne fabrique de meubles s’impose comme un haut lieu emblématique de Bruxelles. Bien plus qu'un simple centre événementiel, cet espace vivant et foisonnant s’affirme aujourd’hui comme une véritable fabrique de lien social, où se croisent événements culturels, initiatives socio-artistiques, séminaires et célébrations privées.
Derrière cette institution bruxelloise se dissimule une histoire inspirante : celle de Joëlle et Xavier, un couple animé par le rêve de créer un espace favorisant les rencontres entre des populations marginalisées par l’individualisme contemporain. Après avoir acquis le bâtiment sous forme de coopérative et entrepris sa rénovation avec le concours de bénévoles, ils ont donné vie à La Tricoterie, un projet singulier, à l'intersection de l'engagement culturel et de l'événementiel durable.
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L’établissement se distingue par la richesse et la diversité de ses espaces. Ses sept salles polyvalentes offrent la possibilité d'accueillir un large éventail d'événements, des séminaires et ateliers professionnels aux mariages, fêtes d'anniversaire, concerts et pièces de théâtre. Un lieu aux mille visages, capable de s’adapter à toutes les formes de rassemblements, qui s’affirme aujourd’hui comme un véritable pilier de la vie bruxelloise. Avec plus de 500 activités annuelles organisées et près de 100 000 visiteurs, il se positionne comme un acteur incontournable au sein d’un quartier multiculturel.
Un modèle économique basé sur l'événementiel durable
Mais comment finance-t-on un tel projet, surtout lorsque la culture n'est pas toujours synonyme de rentabilité ? La Tricoterie a trouvé une réponse audacieuse à ce défi. Cet espace propose, en effet, la location de ses salles pour des événements professionnels comme des séminaires, formations et fêtes du personnel, mais également pour des mariages et anniversaires.

“L’idée est de financer le volet socio-culturel grâce à l’activité événementielle”, nous explique Chloé Leroy, qui joue un rôle central au sein de l'équipe depuis plus de quatre ans. Véritable couteau suisse, chargée de multiples missions, allant de la recherche de subventions à la programmation, elle incarne parfaitement la polyvalence de ce lieu éco-responsable. Doté d’un service traiteur local et durable, d’une équipe engagée et d’infrastructures respectueuses de l'environnement (utilisation d'énergie verte, de matériaux de construction éco-responsables et d'un système de gestion des déchets optimisé), La Tricoterie répond aux attentes des clients B2B (mais pas que), tout en préservant sa mission culturelle au cœur de ses activités.
"L'amour sous algorithme" : un spectacle dans l'ère du temps
Au cœur de son projet événementiel et culturel, La Tricoterie a ainsi franchi un nouveau cap avec la production théâtrale de L’Amour sous algorithme. Mise en scène par Xavier Campion, cofondateur du lieu - également doté d’une formation de comédien, cette œuvre s’inspire de l’enquête de la journaliste Judith Duportail, qui dévoile les coulisses des applications de rencontres, notamment Tinder, et l'influence des algorithmes sur nos vies amoureuses.
Une création en plusieurs étapes
La première étape de ce projet a consisté à adapter le livre en un scénario. Les co-metteurs en scène, Xavier Campion et Claude Enuset, ont ensuite entrepris des répétitions intensives avec l'actrice, Alexia, afin d'insuffler dynamisme et incarnation à la pièce. Après plusieurs mois de labeur acharné, ils ont finalement réussi à façonner une œuvre convaincante.
“L'enquête révèle que ces algorithmes sont particulièrement sectaires et qu'ils attribuent une cote de désirabilité aux utilisateurs pour optimiser les matchs”, explique Chloé. Par exemple, ils tendent à mettre en avant des profils d'hommes ayant un niveau de diplôme élevé, tout en valorisant moins les femmes possédant le même niveau d'éducation. Ils privilégieraient également souvent les associations entre des hommes hautement diplômés et des femmes ayant peu de diplômes, ce qui renforce des dynamiques de pouvoir et des stéréotypes de genre.

Avec l'aimable participation de Laurence Vincent.
Ainsi, à travers un “seul-en scène” (une forme de spectacle théâtral où un acteur interprète un texte ou une série de scènes, seul sur scène, sans la présence d'autres personnages, ndlr), à la fois humoristique, émotif et incisif, L’Amour sous algorithme examine comment la technologie influence notre perception des autres et de nous-mêmes, dans un monde où les relations sont de plus en plus médiées par les écrans.
Chloé se remémore une réplique de la pièce qui, tout comme elle, pourrait bien vous laisser une empreinte indélébile : "à force de vouloir ne fermer aucune porte, on finit par passer notre vie à se faire chier dans un couloir." Cette phrase percutante, prononcée par l’actrice principale, met en lumière le risque que représente l'attente d'un choix parfait, susceptible de nous priver de moments précieux. “Même si l’on n’est pas utilisateur des applications, cette pièce résonnera avec chacun d’entre nous”, affirme Chloé, soulignant ainsi que l'expérience humaine partagée permet à tous de s’y identifier.

Avec l'aimable participation de Laurence Vincent.
Un engouement inattendu
Le processus de création a été riche en défis, et salué par un accueil unanime du public. “On savait que le sujet était d’actualité et qu’il allait plaire, mais on ne s’attendait pas à un tel engouement. Les premières représentations ont affiché complet avant même d’avoir commencé”, nous confie Chloé, avec enthousiasme.

Avec l'aimable participation de Laurence Vincent.
Face à ce succès, après une première représentation triomphale, le mercredi 2 octobre 2024, l'équipe a dû rapidement ajouter plusieurs dates pour répondre à la demande. De nouvelles représentations ont ainsi été programmées les 13 et 14 octobre 2024, qui se sont également vendues en un temps record. La pièce reprendra également à partir du mois de novembre. "Ça cartonne !", se réjouit Chloé.

Avec l'aimable participation de Laurence Vincent.
Vers des rencontres plus authentiques ?
"Le théâtre ne se joue pas toujours à guichets fermés ; nous sommes bien conscients des défis liés à la pleine occupation des salles. Lorsque le succès est au rendez-vous, c'est parce que les pièces résonnent profondément avec le public", explique Chloé. Cet engouement a d'ailleurs inspiré une nouvelle initiative au sein de La Tricoterie : les “soirées sans algorithmes”. Organisées de deux à quatre fois par an, ces événements constituent une alternative aux rencontres en ligne en favorisant des échanges spontanés et authentiques, éloignés du concept des “speed dating”, où il est souvent question de “consommer les gens”. “On swipe également, mais dans la vraie vie”, précise Chloé.
À travers une variété de jeux (blind-test, jeux de cartes), d'activités créatives et d'ateliers interactifs, les soirées “made in La Tricoterie” ont, quant à elles, pour objectif de briser la glace sans la pression des algorithmes ni le caractère souvent expéditif des speed dating. "L’idée est de créer des rencontres plus naturelles et moins intimidantes, dans un cadre bienveillant et ludique", explique Chloé.

Avec l'aimable participation de Laurence Vincent.
La Tricoterie, un lieu en perpétuelle évolution
La Tricoterie ne cesse de se réinventer et s’adapte aux attentes changeantes d’un public plus que jamais en quête de diversité et de nouveauté. Après une pause de deux ans due à la pandémie de Covid-19, le lieu a dû redoubler d’efforts pour rétablir son lien avec les spectateurs. Chloé témoigne d'une période initialement délicate, marquée par l’anxiété persistante de nombreux habitués. Toutefois, l'engouement pour la culture est désormais revenu, avec une affluence en nette hausse ! Le programme s’est également diversifié et privilégie désormais davantage de concerts et de productions théâtrales, notamment grâce à l'ouverture du Boudoir, une salle de 150 places dédiée à l’art de la scène.

Parmi les autres initiatives récentes et emblématiques de l’établissement, le “New Twenties Cabaret”, un concept d’événement dont Chloé est l'organisatrice, qui se distingue par son mélange audacieux de l’esthétique des années 1920, du burlesque et d'une ambiance drag queen, attirant un public varié, notamment une population queer et LGBTQIA+, de plus en plus présente. De même, le festival de hip-hop et les bals folk organisés durant l’année témoignent de cette volonté de toucher différentes générations, en créant des événements qui rassemblent un large éventail de spectateurs.
Dans cette quête de renouvellement, La Tricoterie se positionne donc comme un véritable laboratoire culturel au sein duquel l’expérimentation et l’innovation, au cœur des préoccupations, permettent de fédérer des publics toujours plus hétérogènes.
Une ambition culturelle et durable en pleine expansion
Alors que la programmation culturelle continue de se diversifier – avec 14 pièces programmées cette saison et des créations comme Jean-Luc et Interphono, jouées pour la première fois cette année, les ambitions de La Tricoterie ne faiblissent pas. L’objectif à long terme ? “Continuer à créer des rencontres entre des personnes de tous horizons et nourrir la scène artistique bruxelloise avec toujours plus de projets innovants et engagés.”

Dans cette dynamique, l’établissement s'apprête à ouvrir un nouveau magasin à quelques maisons d’écart, qui servira à écouler les invendus alimentaires. Ce projet novateur inclura un service traiteur proposant une petite restauration à base de produits récupérés, inscrivant ainsi l’initiative dans une démarche de circuit court et de lutte contre le gaspillage alimentaire. L'ouverture, prévue d’ici un mois, vise également à promouvoir les valeurs de La Tricoterie et à renforcer son impact au sein de la communauté.
L’établissement semble donc résolument sur la voie du succès, car des espaces comme celui-ci, ayant intégré la durabilité au cœur de son projet dès ses débuts, se font rares. “C’est un modèle pionnier, cette alliance entre événementiel, culture et durabilité... et c’est précieux”, ajoute Chloé. L’espace semble ainsi bien positionné pour demeurer une référence bruxelloise dans les années à venir. Il prouve parfaitement qu’un lieu alliant événementiel, engagement culturel et durabilité peut prospérer au cœur de la ville.
N’hésitez donc pas à plonger dans l'univers vivant et hybride de La Tricoterie en assistant à cette pièce de théâtre qui aborde, avec une légèreté bienvenue, un sujet qui résonnera sûrement en vous.

Avec l'aimable participation de Laurence Vincent.
Un anniversaire, un mariage, un séminaire, une réunion d’entreprise ou un concert à organiser ? Tournez-vous sans hésitation vers les salles modernes et polyvalentes de La Tricoterie, qui seront ravies de vous accueillir pour toutes vos occasions, qu'elles soient privées ou professionnelles !