Mariage ou carrière : pourquoi les jeunes générations changent leurs priorités ?
Le 18 décembre 2025
On en parle
Miser sur sa carrière avant de dire “oui” : pour une part croissante des jeunes, c’est désormais un choix assumé. La baisse de l’attrait pour le mariage, surtout chez les femmes, n’a plus rien d’un phénomène marginal : elle révèle un basculement profond dans l’échelle des priorités. Chiffres, motivations et nouveaux imaginaires composent les contours d’une transformation sociétale bien réelle.

Un demi-siècle après que le mariage a donné le tempo social — stabilité, foyer, famille — un basculement profond s’amorce. Les jeunes générations déplacent leurs priorités : la liberté professionnelle, l’indépendance financière et la quête de soi prennent désormais l’avantage sur un engagement considéré autrefois comme incontournable. Non pas un rejet du mariage, mais une mise à distance.
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Le chemin qui menait naturellement vers l’alliance devient un itinéraire parmi d’autres, ouvert, modulable, traversé par de nouvelles réalités économiques, des inégalités toujours présentes et des aspirations qui n’obéissent plus à un seul modèle. Le mariage existe encore, mais il n’occupe plus le centre de la carte.
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Un recul chiffré de l’envie de se marier
Si les discours témoignent déjà d’un changement, les chiffres en confirment l’ampleur. Une enquête longitudinale de l’université du Michigan, relayée par L’ADN montre que la projection vers le mariage, chez les adolescents, s’est nettement affaiblie : au début de la décennie 1990, environ 80 % d’entre eux s’imaginaient un jour mariés ; trois décennies plus tard, cette proportion tombe à environ 67 %. Sur la même période, l’idée d’avoir des enfants passe d’environ 64 % à 48 %, traduisant une transformation plus large du rapport à la famille.
Chez les jeunes femmes, la baisse est particulièrement marquée : alors que plus de huit sur dix se projetaient autrefois dans le mariage, elles ne sont aujourd’hui qu’un peu plus de six sur dix à y croire encore. Les garçons, eux, restent relativement stables, tournant autour des trois quarts. Au-delà de ces chiffres, un autre signal se détache : le célibat progresse dans la plupart des pays développés, y compris en France, preuve que ce déplacement du désir n’est ni marginal ni circonscrit à une culture unique, mais bien une tendance globale.
Pourquoi ce changement : aspirations, contraintes, opportunités
Les raisons de ce recul ne sont ni simples ni homogènes. L’autonomie personnelle s’impose comme un levier essentiel : études prolongées, mobilité accrue, exigences professionnelles plus intenses. Pour beaucoup de jeunes femmes, l’indépendance financière et la sécurisation d’une trajectoire professionnelle passent avant la construction d’un foyer. Les inégalités persistantes constatées dès l’entrée dans la vie active encouragent également une certaine prudence : s’engager tôt peut signifier renoncer trop vite à sa marge de manœuvre.
S’ajoute le désir de liberté : voyager, expérimenter, se chercher, construire un parcours qui n’existe pas encore. Le mariage — longtemps perçu comme une première pierre — devient parfois un frein psychologique ou logistique. Enfin, l’évolution des mentalités transforme la notion même d’engagement. Le divorce, les familles recomposées, l’union libre et le PACS ont bousculé l’idée d’une seule façon de “former un couple”. On ne s’engage plus par nécessité sociale, mais lorsque les conditions matérielles, affectives et professionnelles semblent alignées.
Entre fantasme de “tradwife” et idéal de “boss lady” : deux visions qui s’affrontent
Les jeunes femmes naviguent aujourd’hui entre deux pôles culturels très visibles : le retour idéalisé au foyer et l’ambition professionnelle affirmée. Deux récits opposés, nourris par les réseaux sociaux, qui influencent silencieusement leur manière de penser l’amour, l’indépendance, et la temporalité du mariage.
Le mirage de la “tradwife” : douceur affichée, réalité plus trouble
Sur TikTok, la tradwife met en scène un quotidien centré sur le foyer. L’ADN décrit comment “des femmes américaines se filmaient en train de choyer leur mari toute la journée”. Mais derrière l’image rétro et parfaitement maîtrisée, certaines voix brisent le vernis. Ainsi, “l’influenceuse tradwife connie.ramsay raconte sa version du mythe dans lequel elle s’est laissée embarquer”. Ce témoignage nuance l’idéal présenté : un rôle valorisé en surface, mais parfois contraignant ou éloigné des attentes réelles de celles qui aspirent d’abord à l’autonomie.
La “boss lady”, héritière épurée de la “girl boss”
À l’autre extrémité, la figure de la boss lady prolonge — en la revisitant — celle de la “girl boss” des années 2010. Le magazine rappelle : “On parlait alors de mariages de convenance, de séparation de vies pour briser les injonctions de charge mentale ; ou de ‘girl boss’ complètement cramées par cette vie.” La boss lady revendique désormais une réussite assumée, moins sacrificielle, mais toujours exigeante. C’est une figure qui avance sans renoncer à ses ambitions, quitte à repousser mariage ou maternité pour préserver sa liberté. Entre ces deux imaginaires, la plupart des femmes cherchent simplement un espace nuancé, à distance des extrêmes, où l’on pourrait s’engager sans s’effacer, aimer sans se limiter.
Conséquences sociétales : une institution en mutation
La baisse de l’envie de se marier modifie l’institution elle-même. Le mariage devient plus tardif, moins fréquent, moins lié à la parentalité d’après Our World in Data. Dans de nombreux pays, l’union libre progresse, la cohabitation sans engagement s’installe, et des familles se construisent hors mariage. Cette transformation influence la démographie, l’économie, les attentes en matière de couple ou de répartition des tâches.
La norme familiale se diversifie : foyers mixtes, recomposés, célibat assumé, couples non mariés… autant de configurations qui brouillent l’idée d’un modèle unique. Les politiques publiques tentent d’accompagner cette pluralité, mais les mentalités évoluent souvent plus vite que les structures.
Ce que cela dévoile sur l’égalité et les choix individuels
Le recul du mariage n’est pas qu’un phénomène démographique : c’est aussi un révélateur d’inégalités persistantes. Dans de nombreux contextes, les femmes subissent davantage d’obstacles professionnels, de discriminations, de conciliation entre vie privée et carrière selon l’Insee. Ces réalités rendent l’engagement parfois risqué ou prématuré.
Ainsi, privilégier la carrière avant le mariage apparaît comme un moyen de préserver son autonomie et sa liberté — avant de s’engager dans une union. Pour certaines, c’est un choix de sécurité, pour d’autres, un choix de liberté. Ce glissement change aussi la donne sur les attentes vis-à-vis du mariage : chacun réinterroge ce que l’on attend d’un couple, d’un engagement, d’un projet de vie.
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Le mariage aujourd’hui : une option parmi d’autres
Si le mariage demeure un horizon, il s’inscrit désormais dans un parcours individuel, souvent plus long, souvent pensé. Il n’est plus la première étape — il peut venir après des études, un début de carrière, une installation. Certains le repoussent, d’autres le refondent : union libre, pacs, cohabitation, projet de vie sans mariage, autant de façons d’imaginer une vie de couple.
Dans cette perspective, le mariage se transforme — il n’est plus un aboutissement systématique, mais un choix circonstancié. Une option respectueuse des temps modernes, des ambitions, des aspirations de chacun.
Le passage d’un mariage obligatoire à un mariage possible témoigne d’une évolution majeure : chacun, aujourd’hui, trace son propre chemin. Les priorités se recomposent, l’autonomie gagne du terrain, et l’engagement se réinvente. Ceux qui choisissent de se marier le font souvent plus tard, avec plus de lucidité, plus d’intention, et peut-être plus de liberté.
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