Démarches administratives

Qu’est-ce qu’un mariage putatif ?

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Imaginez croire être marié, organiser une réception somptueuse, faire une déclaration d’amour en bonne et due forme… avant d’apprendre que l’union est juridiquement invalide. C’est ce qu’on appelle un mariage putatif. Ce concept, peu connu du grand public, a pourtant des conséquences importantes. Peu connu du grand public, le mariage putatif désigne une situation juridique singulière : un mariage déclaré nul, mais qui produit malgré tout des effets pour l’un ou les deux époux.

Adobe Stock -  Photo d'illustration - Un mariage putatif est une union considérée valide même si elle est juridiquement nulle, car les époux ont contracté de bonne foi, ignorant l'obstacle à leur mariage.

Dans l’imaginaire collectif, un mariage est un engagement solennel, scellé dans une salle de réception joliment décorée, entouré de proches, avec une organisation minutieuse, une décoration florale soignée, des cartes de placement élégantes et des rituels symboliques. Pourtant, au-delà du faste de la cérémonie, le mariage est avant tout un acte juridique, encadré par le Code civil.

Il peut arriver que ce contrat soit entaché d’un vice : consentement vicié, bigamie, absence d’autorisation… Et dans ces cas, le mariage peut être annulé rétroactivement. Mais que se passe-t-il si l’un ou les deux époux ignoraient cette irrégularité ? C’est ici qu’intervient une notion spécifique du droit civil français : le mariage putatif. Défini à l’article 201 du Code civil, ce dispositif permet de préserver certains droits des conjoints et de leurs enfants, malgré la nullité du mariage. Une situation atypique, mais essentielle pour comprendre les subtilités de la répartition des biens, des droits successoraux, ou encore du droit au nom.

Définition juridique du mariage putatif

Le mariage putatif est une notion spécifique du droit civil français, qui permet d’atténuer les conséquences parfois brutales de l’annulation d’un mariage. Il s’agit d’un mariage qui, bien qu’ayant été déclaré nul par la justice, continue néanmoins à produire certains effets juridiques, sous réserve que l’un au moins des époux ait été de bonne foi lors de la célébration.

« Le mariage qui a été déclaré nul produit, néanmoins, ses effets à l’égard des époux, lorsqu’il a été contracté de bonne foi. Si la bonne foi n’existe que de la part de l’un des époux, le mariage ne produit ses effets qu’en faveur de cet époux. »
— Article 201 du Code civil

Autrement dit, lorsque l’union est entachée d’un vice de forme ou de fond rendant le mariage juridiquement invalide (comme une bigamie ignorée, un défaut de consentement, ou l’incompétence de l’officier d’état civil), mais que les conjoints pensaient sincèrement être unis dans les règles, alors le droit reconnaît le caractère putatif de cette union.

Cette situation protège les conjoints — ou l’un d’entre eux — en évitant une annulation rétroactive totale, comme c’est le cas pour un mariage nul "pur et simple", qui est considéré comme n’ayant jamais existé. Dans le cadre d’un mariage putatif, l’annulation produit ses effets uniquement pour l’avenir, à partir de la décision de justice, sans remettre en cause les actes accomplis dans le passé : utilisation du nom de l’époux, droits sur les biens acquis en commun, voire pension de réversion.

Cette reconnaissance permet également de préserver les droits des enfants nés pendant l’union, leur assurant ainsi une filiation légitime et des droits successoraux identiques à ceux issus d’un mariage pleinement valide. C’est donc une manière, pour le législateur, de concilier rigueur du droit et équité humaine, notamment dans les cas où l’un des conjoints a été trompé ou floué.

Le mariage putatif se situe à la frontière entre le droit et la morale, et vient rappeler que l’apparence d’un engagement sincère mérite parfois la même considération que sa validité juridique.

Les conditions du mariage putatif : entre nullité et bonne foi

Pour qu’un mariage putatif puisse être reconnu comme tel en droit français, il ne suffit pas qu’il soit annulé : encore faut-il que cette annulation réponde à certaines conditions juridiques précises, prévues par le Code civil. Ces conditions relèvent d’un cadre strict, distinguant deux types de nullités du mariage : la nullité relative et la nullité absolue.

Les cas de nullité relative : le consentement en question

La nullité relative concerne les situations où l’un des époux a été privé d’un consentement libre et éclairé au moment de la célébration. Ce sont souvent des cas humains complexes, où la sincérité des intentions ne suffit pas à sauver l’union juridiquement. Voici les principaux motifs :

  • Erreur sur la personne : l’époux ou l’épouse découvre, après le mariage, que la personne unie devant l’officier d’état civil n’est pas celle qu’il ou elle croyait épouser (cas rarissimes, mais juridiquement possibles).
  • Erreur sur les qualités essentielles : un conjoint a caché volontairement un aspect déterminant de sa vie (ex : stérilité, casier judiciaire lourd, double vie).
  • Mariage obtenu sous contrainte : pressions psychologiques, menaces ou violences physiques peuvent vicier totalement le consentement.
  • Tromperie ou dol : un mensonge volontaire, construit dans l’intention de manipuler l’autre, peut entraîner une annulation fondée.

Les cas de nullité absolue : atteintes aux règles fondamentales du mariage

Plus graves encore, les cas de nullité absolue touchent aux fondements mêmes de l'institution matrimoniale. Ils concernent des unions interdites par la loi, soit pour des raisons d’ordre public, soit parce qu’elles enfreignent les conditions de fond ou de forme du mariage. En voici les principaux cas :

  1. Mariage contracté par un ou deux époux mineurs sans autorisation exceptionnelle du procureur de la République.
  2. Mariage incestueux, entre ascendants et descendants, frères et sœurs, ou autres parents proches (sauf dérogation exceptionnelle).
  3. Bigamie, c’est-à-dire mariage avec une personne déjà mariée à quelqu’un d’autre au moment de l’union.
  4. Mariage fictif ou simulé, dit « mariage blanc » (pour obtenir un titre de séjour) ou « mariage gris » (où l’un des époux abuse de la sincérité de l’autre).
  5. Absence de publicité légale, notamment la non-publication des bans, censée informer les tiers et éviter les unions irrégulières.
  6. Incompétence ou absence de l’officier d’état civil, ou encore absence d’un des époux lors de la cérémonie.
  7. Défaut d’autorisation, dans le cas d’un majeur sous tutelle ou d’un mineur non émancipé, lorsque celle-ci est requise par la loi.

Les effets juridiques du mariage putatif : quand la bonne foi change tout

Même lorsqu’un mariage est juridiquement annulé, il peut tout de même produire certains effets légaux s’il est qualifié de mariage putatif. Cette situation, bien que complexe sur le plan juridique, permet d'assurer une protection équitable des époux – ou de l’un d’eux – qui se sont engagés en toute bonne foi, sans connaissance des irrégularités qui entachaient leur union. Selon que les deux conjoints ou un seul étaient de bonne foi lors de la célébration, les conséquences du mariage putatif ne seront pas les mêmes.

Cas n°1 : les deux époux sont de bonne foi

Lorsque les deux époux ignoraient légitimement les causes de nullité au moment de leur engagement, la loi reconnaît que leur union, bien que juridiquement viciée, a été sincère. Elle leur accorde alors la plupart des effets d’un mariage valide, jusqu’à la date d’annulation.

  • Effets rétroactifs préservés : tout ce qui a été consenti pendant le mariage – qu’il s’agisse de donations, droits patrimoniaux, ou encore de l’usage du nom marital – reste valable. Aucun remboursement ne peut être exigé, aucun droit ne sera révoqué.
  • Enfants légitimes : les enfants nés de ce mariage bénéficient du statut d’enfants légitimes. Ils conservent l’intégralité de leurs droits successoraux, comme dans toute union régulièrement enregistrée.
  • Possibilité de prestation compensatoire : si l’un des conjoints est lésé par la séparation, il peut demander une prestation compensatoire comme dans le cadre d’un divorce classique, afin de compenser une éventuelle disparité de niveau de vie.
  • Protection sociale et effets matrimoniaux : les droits à pension de réversion, les droits liés au logement familial ou encore les avantages fiscaux acquis pendant l’union restent en vigueur jusqu’à la date de l’annulation.
  • Autrement dit, même si le mariage est annulé, les époux de bonne foi ne perdent pas les fruits d’un engagement sincère, ce qui traduit une volonté claire du droit civil de respecter l’intention matrimoniale.

Cas n°2 : un seul époux est de bonne foi

La situation est plus nuancée lorsque seul l’un des époux ignorait les irrégularités rendant le mariage nul. Dans ce cas, les effets du mariage sont limités à l’époux de bonne foi, qui bénéficie d’une protection juridique ciblée.

  • Maintien des effets à son profit uniquement : la personne de bonne foi conserve les avantages reçus pendant l’union (donations, prestations, avantages successoraux), sans avoir à les rembourser.
  • Dispense de restituer les avantages : l’époux de bonne foi n’est pas tenu de restituer ce qu’il a perçu du mariage, contrairement à celui qui a contracté de manière frauduleuse ou déloyale.
  • Droit à des dommages et intérêts : si cette personne subit un préjudice moral ou matériel lié à l’annulation du mariage (trahison, stigmatisation sociale, instabilité financière), elle peut obtenir réparation devant le juge. Le conjoint de mauvaise foi pourra être condamné à verser une indemnité compensatoire, indépendamment d’une prestation compensatoire.
  • Considérations fiscales : certains droits acquis, comme l’abattement fiscal lié au statut d’époux, peuvent être maintenus pour la période précédant l’annulation.

Le droit français cherche ainsi à éviter une double peine : non seulement l’union est déclarée nulle, mais sans ce mécanisme, la personne de bonne foi subirait aussi toutes les pertes juridiques et financières d’un mariage considéré comme inexistant.

Le mariage putatif est une notion juridique subtile, mais essentielle. Il rappelle que le mariage n’est pas seulement une célébration ou une fête, mais un engagement aux effets juridiques profonds. En cas d’annulation, cette reconnaissance protège les époux de bonne foi et évite des injustices. Que vous soyez en pleine planification d’un mariage, ou confronté à une situation complexe, connaître vos droits est fondamental.

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Questions fréquemment posées

Qu’est-ce qu’un mariage putatif en quelques mots ?

C’est un mariage annulé qui produit tout de même des effets pour les conjoints de bonne foi, contrairement à un mariage nul classique.

Peut-on demander une prestation compensatoire ?

Oui, l’époux de bonne foi peut obtenir une indemnité ou une prestation compensatoire, surtout s’il subit une perte de niveau de vie.

Le mariage putatif est-il mentionné dans le livret de famille ?

Non, si le mariage est annulé, il est effacé des registres. Toutefois, un jugement mentionnant la bonne foi peut permettre de faire valoir certains droits.

FAQ

Suggestions de lieux de réception

Domaine de Saint Baudile
Domaine de Saint Baudile Villeneuve-lès-Maguelone (34750)
Péniche Cinéma
Péniche Cinéma Paris 19ème (75019)

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