En 2023, les femmes prennent-elles toujours le nom de leur époux au moment de se marier ?
Le 18 septembre 2023
On en parle
Le changement de nom lors du mariage a longtemps été une tradition ancrée, considérée comme incontournable. Mais ces dernières décennies, sous l'influence des mouvements féministes et des évolutions sociétales, ont marqué une période de remise en question de cette pratique. Aujourd'hui, cette question est devenue plus complexe et diversifiée que jamais, comme le suggèrent certaines études récentes.

Prendre le nom de son époux après le mariage ne date pas d’hier ! Dans de nombreuses sociétés anciennes, la structure familiale était organisée de manière patriarcale. Cela signifiait que la lignée, les biens et la succession étaient souvent transmis par le nom de famille du père. Ainsi, lorsque deux personnes se mariaient, la femme adoptait traditionnellement le nom de famille de son mari. C'était un geste symbolique pour marquer son appartenance à sa nouvelle famille, tout en garantissant la continuité de la lignée paternelle.
Mais le changement de nom avait également des implications légales et économiques importantes dans le passé. Il facilitait la gestion des biens familiaux, les droits de succession, et était une manière de reconnaître légalement le statut de femme mariée. Cette pratique renforçait ainsi le sentiment d'unité familiale en indiquant que tous les membres de la famille partageaient le même nom. Les normes sociales, religieuses et culturelles jouent également un rôle crucial dans la perpétuation de cette tradition. Dans de nombreuses cultures, prendre le nom de son mari est souvent considéré comme un geste de respect envers sa famille, ce qui peut renforcer la conformité à cette pratique.
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Des mœurs qui évoluent ?
Une étude récente, publiée le 7 septembre 2023, s'est penchée sur la question du changement de nom après le mariage aux États-Unis, notamment chez les couples hétérosexuels, et a examiné quelles catégories de femmes étaient les moins enclines à le faire. Le Pew Research Center a ainsi interrogé près de 3 500 personnes mariées et célibataires pour comprendre leur position. Les résultats montrent que 92 % des hommes ont choisi de conserver leur nom de famille, tandis que seulement 5 % ont pris le nom de leur épouse, et moins de 1 % ont ajouté le nom de leur partenaire au leur. En comparaison, 80 % des femmes mariées ont opté pour le nom de leur conjoint, 14 % ont choisi de conserver leur nom de naissance, et 5 % ont ajouté le nom de leur mari au leur, comme le rapporte Slate.
Si la tradition du changement de nom pour les femmes persiste, elle semble toutefois varier en fonction de l'âge et du niveau d'éducation de celles-ci. Seulement 9 % des femmes de 50 ans ont déclaré avoir conservé leur nom de jeune fille, tandis que parmi les femmes âgées de 18 à 49 ans, elles sont 20 % à avoir fait ce choix. Par ailleurs, les femmes ayant fait des études longues seraient également plus enclines à conserver leur nom : 26 % des femmes titulaires d'un doctorat ont fait ce choix, contre 13 % pour celles ayant obtenu une licence et 11 % pour celles ayant un niveau d'études inférieur.
Certaines femmes, comme Michelle Lin, une étudiante de 28 ans vivant à New York, estiment que leur nom est lié à leurs réalisations académiques et souhaitent le conserver, notamment dans le cadre de l'obtention de leur doctorat. D'autres, comme Melanie Mayer, une résidente de 27 ans, restent partagées quant à l'idée de prendre le nom de leur futur mari. Elles considèrent qu'il est important que “tous les membres d'une famille partagent le même nom”, mais remettent en question pourquoi ce devrait automatiquement être celui de l'homme, et soulignent que renoncer à leur nom équivaudrait à “perdre une partie de leur histoire personnelle”.
Des chiffres surprenants en France
En France, de manière surprenante, un nombre croissant de femmes optent toujours pour le nom de leur conjoint au moment du mariage. En 2018 déjà, dans la grande majorité des cas (70 %), les femmes choisissaient de prendre le nom de leur futur époux, comme le révélait une enquête du Blick. Ce pourcentage avait même augmenté de 2 % par rapport à la période précédant la révision de 2013, laquelle visait pourtant à promouvoir une plus grande égalité dans les noms de famille enregistrés à l'état civil.
Plus récemment, certaines études ont avancé des chiffres encore plus étonnants, suggérant que près de 90 % des couples opteraient pour le nom masculin. Pourtant, du côté masculin, seulement 2 % ose faire le choix d’emprunter le nom de leur partenaire.
Un attachement à la tradition ?
"C'est quelque chose qui me semblait évident", partage au magazine Femina, Laura, qui s'est mariée à l'âge de 27 ans en 2017. "Pour moi, le mariage représentait une continuité avec mes parents et mes grands-parents, qui avaient également adopté le nom de famille de leur mari comme nom unique. Déroger à cette tradition aurait donné l'impression que mon mariage était différent des autres. Je pense aussi que les femmes sont préparées à cela depuis longtemps, sachant que leur nom peut changer au fil de leur vie."
Sandra Hoibian, chercheuse française et directrice du Pôle Évaluation et Société au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), souligne : "les personnes s'engageant dans le mariage sont généralement plus enclines à suivre des traditions, souvent plus religieuses et attachées à des valeurs conservatrices que la moyenne. Il semble donc logique qu'ils optent plus fréquemment pour un choix traditionnel, enraciné depuis des siècles."
Une décision à prendre à deux
Pour Deborah Ashway, conseillère en santé mentale : "de plus en plus de femmes se joignent à ce mouvement. Pour certaines d'entre elles, choisir de conserver leur nom de famille est une déclaration d'indépendance." Pour aborder cette question au sein d'un couple, la spécialiste recommande de commencer par une introspection en examinant les priorités, les souhaits et les besoins de chacun. Pour certaines femmes, le sentiment d'indépendance et la remise en question de la structure historique du pouvoir sont essentiels, tandis que d'autres privilégient le partage du même nom de famille que leurs enfants.
Une fois cette réflexion personnelle effectuée, il est crucial d'engager une discussion ouverte avec son partenaire et d'observer attentivement sa réaction. Deborah Ashway souligne l'importance de l'écoute mutuelle et insiste sur le fait que cette décision doit être prise conjointement, afin d'éviter tout déséquilibre de pouvoir au sein de la relation.
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