Célébrer la vie plutôt que pleurer la mort : la montée des funérailles joyeuses en France
Le 20 octobre 2025
On en parle
Les adieux changent de ton. Jadis figées dans la solennité, les cérémonies d’adieu s’ouvrent désormais à la lumière. Chansons, couleurs et sourires s’invitent dans les hommages. Les funérailles deviennent célébration : un dernier geste d’amour tourné vers la vie, plutôt que vers l’absence.

Longtemps figées dans la gravité, les funérailles s’éclairent d’un souffle nouveau. Aujourd’hui, la mort s’habille de vie : musiques choisies, couleurs assumées, émotions à cœur ouvert. On chante, on rit, on se souvient. Ces “funérailles joyeuses” ne gomment pas la peine — elles lui donnent un visage plus doux, plus humain.
Derrière cette métamorphose, une évolution de société. Les familles ne veulent plus seulement dire adieu, mais prolonger le lien, comme une conversation qui continue au-delà de l’absence. L’époque valorise l’expression de soi : chaque existence mérite sa mise en scène, son récit, son ton juste.
Et c’est là qu’entre en scène une nouvelle figure : le funeral planner. À l’image des wedding planners, il orchestre des cérémonies sur mesure, où chaque détail — du choix des fleurs à la playlist — devient une note de mémoire.
À lire aussi : Exit les mariages rustiques ? Le jardin devient le nouveau décor préféré des mariés !
Parce que célébrer la vie, même au seuil de la mort, c’est apprendre à traverser la perte autrement, avec gratitude plutôt qu’avec silence. Les repères religieux ne suffisent plus toujours à contenir la diversité des émotions. Les adieux se réinventent : un espace de liberté, de création, et parfois même, une dernière fête — intime, lumineuse, profondément humaine.
Le choix de l’“enterrement chantant” : quand la musique redonne souffle au dernier adieu
Dans ce nouveau visage du deuil, la musique devient le fil conducteur d’une cérémonie plus vivante, plus incarnée. Chansons populaires, jazz ou gospel s’invitent désormais dans les hommages, comme un pont entre le souvenir et la célébration. À Paris, Elicci, fondé il y a dix ans par Aliette Frangi, propose aux familles de collaborer avec des musiciens pour transformer la cérémonie en un moment d’émotion partagée. Une initiative qui illustre à elle seule cette mutation du rapport à la mort : plus humaine, plus sensible, où la beauté de l’instant rend hommage à la vie autant qu’à la mémoire.
« Il y a des familles qui nous disent : “Vous n’avez pas de limite” ; quand elles demandent du grandiose, elles demandent du joyeux », confie la fondatrice dans les colonnes du magazine actu. Elle observe également un engouement pour les reprises universelles, ces chansons qui rassemblent sans distinction d’âge ni de croyance : Hallelujah de Leonard Cohen, Stand by Me de Ben E. King, ou encore, côté francophone, Le Paradis Blanc de Michel Berger et L’Hymne à l’amour d’Édith Piaf.
La musique se fait alors langage du cœur : certains choisissent un chant collectif, d’autres une prestation live ou une simple playlist soigneusement pensée. Parfois, un témoignage s’accompagne de quelques accords, comme une respiration entre deux émotions. Ce n’est plus seulement une cérémonie, mais une mise en lumière de la vie elle-même — un moment où l’on pleure, certes, mais où l’on chante aussi, pour prolonger l’âme du disparu dans le son et la mémoire.
Le cercueil réinventé : quand la couleur rend hommage à la vie
Selon une étude menée en 2022 par l’institut CSA pour le leadeur français des services funéraires, 48 % des Français se disent prêts à envisager une cérémonie d’obsèques qui s’affranchit des conventions, tandis que 57 % souhaitent personnaliser cet instant en lien avec les passions ou la personnalité du défunt. Un chiffre révélateur d’un besoin de sens et de douceur dans la manière de dire adieu.
"Un enterrement est déjà un moment extrêmement difficile, alors, si on peut aider à ce qu’il le soit un peu moins… ", confie Nicolas Guizol, responsable de l’agence PFG de la rue Ordener, à Paris. Et cette volonté de rendre la séparation plus supportable passe désormais par des choix esthétiques forts. La couleur du cercueil, notamment, devient un véritable langage : elle prolonge l’empreinte de la personne disparue, évoque son énergie, son humour ou sa sérénité — et transforme un symbole de fin en ultime marque d’affection.
Les cercueils personnalisés s’imposent ainsi comme un signe tangible de cette évolution. Fini l’austérité du bois sombre : place à la créativité. On peint, on grave, on choisit des teintes lumineuses ou des motifs évocateurs, parfois même des photos ou des paysages chers au défunt.
Chez PFG, on rappelle que les couleurs ont un impact émotionnel et symbolique fort, et qu’il est désormais possible d’opter pour des nuances allant du blanc au bleu, voire au rouge, parmi une palette de plus de 200 teintes. Les gammes “Colors” présentées par certaines maisons funéraires traduisent cette envie de singularité : offrir un dernier écrin à l’image de la personne qu'on aime.
Les défis d’une nouvelle façon de dire adieu
Faire évoluer les rituels funéraires vers plus de lumière n’est pas sans contraintes. Si la créativité s’invite dans les cérémonies, elle doit composer avec un cadre légal et émotionnel parfois délicat. Les règles encadrant les obsèques — durée des cérémonies, autorisations administratives, types de lieux — restent strictes, ce qui limite certaines initiatives trop libres.
À cela s’ajoutent les sensibilités spirituelles et familiales : tous ne partagent pas la même vision du sacré. Une chanson jugée trop joyeuse, un cercueil trop coloré ou un ton trop léger peuvent heurter des proches encore fragiles. L’essentiel est là : savoir doser, écouter, ajuster — pour que la cérémonie reste à l’image de la personne que l'on célèbre.
Enfin, la dimension financière ne doit pas être négligée. Une prestation musicale live, une création artisanale de cercueil ou une scénographie spécifique ont un coût. Ces choix, même symboliques, méritent d’être anticipés pour éviter les tensions au sein des familles. L’enjeu n’est donc pas d’abolir la gravité, mais de transformer la cérémonie en un espace sincère, cohérent et apaisant.
Trouver l’équilibre entre recueillement et célébration
Faire d’un adieu un moment d’amour ne signifie pas effacer la tristesse, mais lui donner un autre cadre. L’art des funérailles joyeuses repose justement sur ce fil délicat : maintenir la solennité du moment tout en célébrant la vie.
Certaines familles ouvrent la cérémonie par un temps de silence, une lecture ou une prière, avant de laisser la musique adoucir l’atmosphère. D’autres choisissent de faire entrer la lumière peu à peu — une chanson, une photo projetée, un rire évoqué — comme une respiration dans l’émotion. L’idée n’est pas de choquer, mais d’harmoniser : une chanson aimée du défunt, jouée avec pudeur, peut avoir plus d’impact qu’un long discours.
Côté esthétique, les codes évoluent eux aussi avec élégance. Un cercueil pastel, des fleurs aux nuances claires, un ruban symbolique suffisent parfois à transformer la tonalité du lieu. Et quand les proches partagent anecdotes ou souvenirs drôles, c’est toute la cérémonie qui s’éclaire : on ne nie pas le chagrin, on lui donne la beauté du souvenir.
Ces cérémonies hybrides redessinent notre rapport à la mort. Elles rappellent qu’un dernier au revoir peut être un hymne à la vie — sincère, poétique et profondément humain. Entre musique, couleurs et sourires partagés, les adieux d’aujourd’hui ne ferment plus une porte : ils laissent passer la lumière.
Vous souhaitez organiser une cérémonie d’adieu qui reflète la personnalité de votre proche ? ABC Salles vous accompagne pour trouver la salle idéale afin de célébrer des funérailles à la fois respectueuses et uniques.