Faire son deuil : 8 rites funéraires d'ici et d'ailleurs qui prouvent que la célébration de funérailles peut être festive

Le 26 octobre 2023 Et ailleurs

La perte d'un être cher est souvent un moment de tristesse profonde, une période pendant laquelle nous nous attardons sur les souvenirs et les moments partagés. Pourtant, à travers le monde, de nombreuses cultures adoptent des postures différentes sur le deuil et choisissent de célébrer la vie, plutôt que la simple commémoration de la mort.

En France, l'enterrement de nos morts est traditionnellement un moment empreint de tristesse. Le recueillement dans un cimetière, entouré de proches, est souvent accompagné de larmes et de nostalgie. C'est une réalité pour beaucoup : il s’agit un processus très douloureux. Et les funérailles, en tant que moment clé de ce processus, accentuent souvent cette tristesse. La perte d'un être cher est une expérience universelle qui touche chaque individu, quelle que soit sa culture ou son origine. La mort nous confronte ainsi à la réalité de notre propre finitude, mais aussi à celle de ceux que nous aimons. Cette prise de conscience peut alors être accablante et déclencher un flot d'émotions négatives. 

Par ailleurs, les rituels funéraires, tels qu'ils sont pratiqués en France, mettent souvent l'accent sur la solennité et la gravité de la situation. Les cérémonies sont généralement organisées dans des lieux religieux ou laïques, et elles suivent un protocole formel. La musique, si elle est présente, est souvent mélancolique, et les discours rappellent les qualités du défunt tout en reflétant la perte. 

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Pourtant, dans de nombreux pays, passer l’arme gauche ne rime pas nécessairement avec larmes, mouchoirs et costumes noirs. Certains rites funéraires célèbrent même la vie des défunts avec joie et panache ! Ces cérémonies, toutes aussi fascinantes les unes que les autres, sont alors l’occasion de faire la fête et partager de bons moments avec ses proches. 

1. La Fête des Morts au Mexique (Dia de los Muertos) 

Au Mexique, le Dia de los Muertos, ou Jour des Morts, est une célébration culturelle qui incarne l'une des approches les plus uniques au monde en ce qui concerne le deuil et le souvenir des défunts. Cette fête, qui se déroule chaque année du 31 octobre au 2 novembre, transcende les notions traditionnelles de tristesse, car il s’agit d’une célébration colorée et joyeuse de la vie ! 

Le concept même du Dia de los Muertos réside dans la conviction que les esprits des défunts reviennent rendre visite à leurs proches pendant ces quelques jours. Les familles se préparent alors avec enthousiasme, ornent les tombes de leurs bien-aimés avec des fleurs, des bougies parfumées et des autels richement décorés. Ces autels, appelés "ofrendas", sont garnis de photos des défunts, de leurs plats et boissons préférées, et de petits objets qui leur étaient chers de leur vivant. Tout est soigneusement disposé pour accueillir les âmes errantes et leur offrir un accueil chaleureux ! 

Les rues des villes et villages mexicains s'animent aussi de manière spectaculaire pendant cette période. Les danses traditionnelles sont exécutées avec grâce et les costumes exubérants rappellent aux participants que la mort fait partie intégrante de la vie. Le visage du célèbre personnage "La Catrina", une sorte de “calaveras” (tête de mort) magnifiquement vêtue, est devenu un symbole emblématique de cette célébration. Enfin, la musique occupe également une place d'honneur, avec des mariachis jouant des airs mélodieux et des groupes de musique populaire mettant en avant des rythmes entraînants.  

2.Le famadihana, à Madagascar 

Dans certaines régions de Madagascar, particulièrement au sein de la région montagneuse des Hautes Terres, existe une coutume funéraire unique appelée “famadihana”, communément désignée comme le "retournement des morts". Cette tradition implique l'exhumation des dépouilles de personnes décédées afin de changer le linceul qui les enveloppe, comme l’indique Néon Mag. Une pratique accomplie avec un profond respect pour les défunts, suivie d'une série de rituels festifs. 

Les familles et amis de la personne décédée participent à une procession joyeuse autour de la tombe, dansant au rythme de la musique locale. Cette célébration est bien plus qu'une simple commémoration ; elle est l'occasion de festoyer, de partager des moments de joie, de danser au son de la musique traditionnelle, et de trinquer généreusement pour honorer la mémoire du défunt. La musique joue aussi un rôle central dans cette cérémonie, et un orchestre est généralement présent pour accompagner les festivités. Il n'est pas rare non plus que des animaux sacrifiés, tels que des porcs ou des zébus, soient dégustés en l'honneur du défunt. Cette période de célébration peut s'étendre sur plusieurs jours, et la dépouille du défunt repose pendant ce temps sur un autel spécialement construit à cet effet.  

3. Les funérailles irlandaises  

En Irlande, les veillées funèbres, connues sous le nom de "Wake" en anglais, représentent également une tradition profondément ancrée. Ces événements sont bien plus que de simples rituels de deuil : ils incarnent un hommage à la vie du défunt et créent un espace où la mémoire et la célébration prévalent sur le chagrin. Lors d'une veillée funèbre, les proches du défunt se rassemblent généralement à la résidence familiale ou dans un lieu spécialement préparé pour l’occasion. Autour du cercueil, ils partagent des histoires et des anecdotes sur la vie du disparu et évoquent des souvenirs qui vont bien au-delà de la tristesse du moment. Ces récits sont souvent empreints d'humour et d'affection, visant à rappeler le caractère unique et les expériences marquantes de la personne décédée. 

La musique joue également un rôle central dans ces veillées. Des chansons, des airs traditionnels ou même des compositions spécialement créées pour l'occasion remplissent l'air de mélodies qui évoquent des émotions variées, du rire aux larmes. Aussi, les amis, la famille élargie, les voisins et parfois même des étrangers sont invités à se joindre à la célébration.  

4. Les strip-teaseuses d’enterrement, à Taïwan 

Le rituel funéraire de l’effeuillage trouve ses origines à Taïwan, mais il s'est étendu aux contrées chinoises malgré la forte désapprobation des autorités. Le concept est singulier : lors des funérailles, de jeunes femmes sont engagées pour danser et se dénuder devant les proches endeuillés, tout en célébrant la vie du défunt. L’objectif serait d’attirer un nombre maximal de participants à la cérémonie. 

L'auteur de cette pratique explique que, dans ce contexte, la présence d'une foule est considérée comme “un signe de prestige lors des funérailles”, et donc, plus il y a de participants, plus l'événement est valorisé. Un exemple frappant de cette célébration particulière s'est déroulé en 2017 lors des funérailles d'un homme politique taïwanais, qui a fait les gros titres des journaux. Autour du cortège funéraire, une cinquantaine de danseuses de pole dance, vêtues de manière suggestive, ont exécuté leurs danses en équilibre sur des pick-ups colorés. Cet événement a suscité un intérêt tel qu'il a entraîné d'importants embouteillages dans la ville de Chuayi ! Plutôt improbable, n’est-ce pas ? 

5.Le festival Ma’nene, en Indonésie 

Il s'agit sans doute d'un des rites funéraires les plus fascinants à travers le monde. Souvent perçu comme inhabituel par certains, ce rituel est pratiqué par le peuple indonésien des Torajas, également appelés "les gens d'en-haut". Chaque année, au mois d'août, ils célèbrent le festival Ma'nene, une cérémonie qui consiste à exhumer les défunts pour les laver, les habiller avec de nouveaux vêtements, et leur rendre hommage. Les familles des défunts interagissent avec les corps de leurs proches de manière singulière. Ils leur parlent, les parfument, leur offrent des cigarettes et les promènent à travers le village, tout en prenant des photos pour conserver des souvenirs. Cette coutume offre l'opportunité de rafraîchir les cercueils avant d'y replacer les défunts. 

Au cœur de cette tradition réside un profond respect pour les morts, conjugué à la croyance que maintenir un lien actif avec les défunts peut influencer positivement les récoltes de riz, assurant ainsi la prospérité de la communauté.  

6.Le jour des morts, en Sicile 

En Sicile, la célébration de la fête des morts revêt une dimension bien plus festive et joyeuse qu'en comparaison avec nos propres coutumes funéraires. Selon Taous Merakchi, autrice du livre et du podcast Mortel, cette occasion est un prétexte pour la réjouissance, mais aussi et surtout pour gâter les plus jeunes. Selon une vieille comptine sicilienne, au cours de la nuit du 1er au 2 novembre, les âmes des défunts visitent les membres de la famille et apportent des présents spécialement destinés aux enfants, comme des friandises et des jouets. 

Parmi les friandises traditionnelles, les "frutta martorana", des reproductions en pâte d'amande de fruits aux couleurs vives, sont les plus populaires. Il est fréquent que les enfants dégustent ces confiseries sur les tombes de leurs ancêtres, un geste empreint de respect et de gratitude envers les défunts. Quel que soit le cadeau offert, il est de tradition que les bonbons et les jouets soient soigneusement dissimulés dans la maison, puis, le matin du 2 novembre, les enfants se livrent à une chasse au trésor pour les retrouver.  

7. Le jazz funéraire de la Nouvelle-Orléans 

La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis, est, quant à elle, célèbre pour ses "Jazz Funerals". Ces processions joyeuses célèbrent la vie des défunts avec de la musique jazz entraînante. Pour l’occasion, les amis et la famille suivent le cercueil en dansant et en chantant et transforment ainsi la tristesse en une ode à la vie.  

La tradition vient de pratiques spirituelles africaines, de traditions de musiques militaires françaises et espagnoles et d’influences culturelles afro-américaines. "En général, le cortège commence par avancer sur des chansons mornes au rythme lent, avant d’enchaîner sur des morceaux plus entraînants qui poussent la foule à danser. Les passants et les touristes ont le droit de se joindre à la fête, à condition, évidemment, d’être respectueux", précise l’autrice Taous Merakchi à Néon Mag. 

8. La cérémonie du fumage chez les peuples aborigènes 

La cérémonie de fumage, ou "Smoking Ceremony", est une tradition aborigène en Australie qui a perduré à travers les âges. Il s’agit d’un hommage vibrant à la vie et à la transition de l'âme vers un autre état de conscience. Au cœur de cette célébration, l'élément clé est la fumée, générée par la combustion d'herbes médicinales ou de plantes aromatiques spécifiques. Le nuage de fumée est considéré comme purificateur et protecteur, et il est utilisé pour bénir l'âme du défunt lors de son voyage vers l'au-delà.  

Contrairement à l'idée d'une atmosphère lourde de tristesse, la cérémonie de fumage est empreinte d'une énergie profondément positive. Elle célèbre la vie du défunt en mettant l'accent sur la gratitude pour son passage sur Terre. Les participants partagent des récits, des chants et des danses qui rappellent les exploits et les qualités de la personne décédée. A noter que la cérémonie de fumage a également un aspect communautaire important. Elle rassemble les amis, la famille et la communauté pour soutenir les proches du défunt.  

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