Ces morts que l'on marie dans certaines régions d'Inde pour réussir à faire son deuil
Le 13 octobre 2022
Et ailleurs
Marier ses défunts enfants parfois plus d’une décennie après leur disparition, lorsqu’ils “atteignent” l’âge de le faire, est une tradition de l’État indien du Karnataka notamment. Une union symbolique et spirituelle visant à faire perdurer leur mémoire et à soulager les familles d’un peu de leur peine.

A chacun sa façon de faire de son deuil comme il l’entend. “Même si je suis très loin de toi, tu restes dans mon cœur […] Ne m’oublie pas...” Ainsi chante Miguel, petit garçon star du film d’animation Coco (Disney-Pixar). Une œuvre sortie en 2017, qui fait la part belle à la culture mexicaine et plus particulièrement à la célébration du “día de los muertos” (“jour des morts”, ndlr). Colorée, joyeuse et gourmande, cette fête annuelle - à l’image de la traditionnelle Toussaint catholique appelant au recueillement solennel et au fleurissement des tombes, a pour vocation d'honorer ses disparus en famille et de louer la vie, en quelque sorte... la mort n’étant pas une fin en soi. Alors si d’un bout à l’autre du monde, les rites funèbres diffèrent, leur ambition reste pourtant la même : faire perdurer le souvenir des défunts dans le temps pour ne jamais les oublier. Une mémoire que certains s’attachent à honorer dans la joie, donc. En Inde, et plus particulièrement dans l’Etat du Karnataka, on apprend ainsi qu’à l'âge où ils auraient pu s'unir, les enfants décédés se voient offrir une véritable cérémonie de mariage. “Nous pensons qu’ils vivent parmi nous même après leur mort, et on veut leur offrir ça, même dans l’au-delà, pour qu’ils soient heureux”, explique Arun, invité aux noces de sa cousine qui aurait fêté son 28e anniversaire à l’été 2022, auprès de Brut.
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Un soutien pour les parents endeuillés
Les rituels effectués pour ce type d’union posthume et spirituelle, appelée “Pretha Kalyanam", sont les mêmes que ceux que l’on retrouve traditionnellement dans les mariages indiens. A la différence près que les époux ne sont pas physiquement présents à leur cérémonie nuptiale pour les vivre et partager en direct avec leurs proches (en Inde, la coutume veut notamment que les corps soient incinérés, ndlr). La mariée est, en effet, représentée par un sari, quand celui qu’elle aurait pu prendre pour partenaire de vie une fois la majorité atteinte est, lui, représenté par une chemise. Rien qui, pour autant, n’entache le bonheur du moment. “Ce n’est pas vraiment triste. Ce n’est pas comme un enterrement. C’est une fête. Tout le monde est de bonne humeur, fait des blagues”, détaille le jeune homme. Entourés, les parents endeuillés par le décès de leur progéniture, même s’ils n’oublieront jamais, en célébrant leurs petits et leur faisant ce cadeau, bénéficient du soutien de leur communauté... visant à les aider à tourner la page de la perte tant bien que mal, même après tant d’année.
En musique, en préparant leurs plats préférés, en les imaginant mariés quand ils sont partis trop tôt pour vivre ce genre d’heureux événements, lors d’une commémoration internationale ou à une date clé pour les personnes... Il existe bien des manières d'honorer ses proches disparus. Cela peut même être fait à l’aide d’une cérémonie d’adieu organisée lors des funérailles. Et pour cause : se recueillir, partager un chaleureux moment de communion tous ensemble et saluer la mémoire de celles et ceux qui nous restent chers malgré leur départ est important pour ceux dont l’heure n’est pas venue et qui ont, pour faire leur deuil, besoin de ce réconfort.
En quête d’un espace au sein duquel célébrer la mémoire d’un proche disparu ? ABC Salles et ses équipes vous accompagnent dans la recherche du lieu de recueillement pouvant vous accueillir.