Aux Belles Poules, Caroline Senot réinvente l’événementiel avec l’élan d’une maîtresse de jeu !
Le 07 mars 2025
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En l’espace de huit ans, Caroline Senot, propriétaire de l’établissement Aux Belles Poules, a propulsé cet ancien carrefour des plaisirs en un véritable épicentre où l’événementiel privé et professionnel se réinvente. Un tour de force mêlant témérité et savoir-faire, et qui a fait de cet endroit une référence inéluctable. Entrepreneuse visionnaire et gardienne d’un patrimoine historique, elle impose aujourd’hui sa singularité dans un univers encore largement dominé par la gent masculine. Une femme de caractère, animée par la volonté de bouleverser les usages et de redéfinir l’art de recevoir, sans jamais se laisser enfermer dans les carcans.

Lunettes chics posées avec aplomb, rouge à lèvres impeccablement tracé, sourire indéfectible : Caroline Senot est une tornade d’énergie. Avec son humour sans filtre, elle a ce rare talent de mettre instantanément à l’aise. Mais derrière sa joie de vivre contagieuse, se cache une femme d’une détermination sans faille, prête à déplacer des montagnes pour transformer ses rêves en réalité.
À 18 heures tapantes, la force créatrice derrière Aux Belles Poules nous ouvre les portes de cette ancienne maison close qu’elle a ressuscitée en joyau événementiel. Après avoir brillamment conclu son discours lors d’un événement du Club Med, elle traverse la salle d’un pas résolu, s’accorde un rapide passage au miroir - un trait de rouge, un coup de peigne -, et voilà qu'elle s'apprête à dévoiler les coulisses de son aventure.
Dans cet espace chargé d’histoire, où les murs semblent murmurer des récits d’un autre temps, Caroline redéfinit l’art de l'accueil, en fusionnant élégance d’hier et modernité d’aujourd’hui. Pourtant, rien ne prédestinait cette ancienne professionnelle de l’informatique à prendre les rênes d’un tel projet. Mais, comme souvent, ce sont les chemins les moins évidents qui mènent aux plus belles réussites. Et, avec son tempérament de feu, Caroline ne recule devant aucun défi.
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Faire naître l'exception là où tout semblait ordinaire
Avant de devenir la gardienne et l’âme d’Aux Belles Poules, Caroline évoluait dans un univers bien différent : la gestion de PME en informatique. Un domaine où tout était balisé, bien loin du tumulte créatif de l’événementiel. Mais le coup de foudre pour ce lieu empreint d’héritage, inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, a bouleversé son parcours.
Lorsque Caroline a découvert l’établissement, l’endroit n’avait pourtant rien du joyau qu’il est aujourd’hui. Cartons poussiéreux entassés, murs défraîchis par le temps... et une ambiance de vestige oublié. Mais là où d’autres auraient vu un simple entrepôt d’import-export à l’abandon, Caroline, elle, a perçu un trésor à réveiller. “C’était un décor magnifique, mais en friche. Je me suis prise de passion pour ce lieu. J’ai tout de suite eu envie de lui redonner vie.” Une mission relevée avec une conviction sans faille !
Aujourd’hui, cet écrin de 115 m², véritable caméléon, s’adapte à tous les types d’événements : des réceptions aux séminaires, en passant par les fêtes d’anniversaire et les soirées d’entreprises. De l’extérieur, cette transformation pourrait ressembler à un pari fou. Mais avec son regard affûté et sa détermination sans faille, Caroline n’a rien laissé au hasard. “J’ai la chance d’être entourée d’une belle équipe, comme Émilie, qui s’occupe des clients et de la logistique, et Enzo, chargé du volet communication.” Ce duo, allié à sa vision, permet à Caroline de faire de ce bastion des plaisirs d’antan un haut lieu de l’événementiel moderne dédié aux particuliers comme aux professionnels. “On n’est pas seulement un lieu réceptif, on est un partenaire. On guide nos clients, on les conseille, on leur propose une expérience clé en main.”
Pour Caroline, chaque journée est une danse effrénée entre organisation, création et gestion. Mais derrière cette énergie débordante, se cache une vision claire. Avec une poigne de fer dans un gant de velours, elle réinvente l’hospitalité, en conjuguant la grâce d’un autre âge à la fraîcheur de la modernité. Aux Belles Poules, passé et présent se croisent ainsi dans une harmonie savamment orchestrée - et Caroline en est indéniablement la cheffe.
Se faire une place, envers et contre tout
Caroline Sénot jongle ainsi chaque jour entre organisation minutieuse et imprévus inévitables. "Les journées sont intenses, mais c’est une cadence que j’apprécie. On ouvre les portes à 10 heures, et dès que les événements s’enchaînent, le temps file à une vitesse folle. C’est un travail exigeant, mais j’ai appris à m’organiser, à déléguer et, surtout, à apprivoiser le stress." Mais pour cette femme de poigne, la gestion d’un lieu aussi atypique ne se limite pas à des plannings bien huilés.
L’événementiel, domaine historiquement perçu comme dominé par les hommes, n’a pas été tendre avec Caroline lorsqu’elle a fait ses premiers pas. "On me demandait parfois de passer par un homme pour valider des décisions, comme si ma parole seule ne suffisait pas. J’ai même dû m’appuyer sur l’image de mon père pour que mes choix soient pris au sérieux." Une époque désormais révolue. Car avec le temps, Caroline a appris à imposer son autorité sans concession. "Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de prouver ma légitimité. Mon expérience et l’assurance que j’ai acquise suffisent à faire taire les doutes, et c’est une immense satisfaction."
Elle reconnaît cependant que le chemin n’a pas été simple. "En tant que femme, il faut souvent redoubler d’efforts pour être respectée. Mais les choses bougent." Caroline observe avec optimisme l’arrivée d’une nouvelle génération de femmes dans l’événementiel. "C’est un domaine où les femmes ont toute leur place, à condition d’avoir la vision et la volonté de faire avancer les projets." Avec sa détermination et sa capacité à surmonter les obstacles, Caroline incarne cette nouvelle vague de dirigeantes qui redéfinissent les codes de l’événementiel : persévérantes et prêtes à briser les barrières.
Les épisodes clés d'une carrière en évolution permanente
Des moments qui ont marqué sa carrière ? "Il y en a tellement", confie Caroline, tout sourire. "La première découverte du décor, le lancement officiel des Belles Poules… Il y aussi le fait que j’ai appris à maîtriser mon métier. Puis il y a eu les premiers articles de presse vraiment très valorisants sur mon expérience..." Ce parcours, fait de tâtonnements, parfois d’erreurs, mais aussi de succès, a été marqué par des moments déterminants qui ont fait grandir Caroline, tant sur le plan personnel que professionnel.
Un de ces moments gratifiant reste, pour elle, le jour où elle a embauché Emilie : "Là, je me suis dit : voilà, c’est signe que ma carrière est réussie. Ce n’est plus seulement POUR moi, mais AVEC moi. C’est gratifiant de voir d’autres personnes rejoindre l’aventure." Ce sentiment de fierté est d’autant plus précieux dans un secteur aussi volatile que l'événementiel. Car travailler dans ce milieu, "c’est un peu comme être bipolaire", admet-elle. "On a des moments de joie intense, d’hystérie collective, puis il y a des grosses périodes de ‘bad’" (période d’un peu moins bien, ndlr). Elle évoque notamment la période des Jeux olympiques, durant laquelle l’absence de grandes opportunités a eu un impact direct sur le chiffre d’affaires de son entreprise.
L’incertitude faisant partie du jeu, Caroline a appris à accepter les aléas. "L’événementiel n’est pas un milieu prévisible. On est sujets à tous les aléas, qu'ils soient économiques, sociaux, ou conjoncturels. C’est difficile." Pourtant, c'est précisément dans ces instants d'incertitude qu’elle trouve sa force. "Les échecs sont nécessaires pour réussir. Quand on prend des décisions et que ça ne marche pas, on devient très humble. On apprend dans la douleur, mais c'est souvent après qu’on rebondit."
À la tête, avec le cœur
Caroline a une vision bien à elle de la gestion d’une entreprise, de la relation avec ses équipes et ses clients. Loin des stéréotypes de la "girl boss" ou de la patronne autoritaire (des rôles souvent glorifiés mais qui imposent une pression énorme aux femmes pour qu'elles soient constamment performantes et irréprochables, ndlr), elle revendique une approche plus humaine et proche du terrain. "Avant, j’étais très rigide", confie-t-elle. Mais l’expérience dans l’événementiel a radicalement changé sa manière de travailler. "Je n’arriverais pas à me lever le matin si je devais adopter ce qu’on attend d’une ‘boss’."
Attention, cela ne signifie pas qu'elle laisse la rigueur de côté ! Caroline veille scrupuleusement à la qualité du travail et au respect des délais, mais refuse de sacrifier les relations humaines au nom d'une autorité aveugle. Après avoir longtemps lutté contre le syndrome de l’imposteur (ce fardeau qui touche souvent les femmes en position de direction, ndlr), elle a appris à affirmer sa légitimité sans renoncer à son humanité.
Un leadership fondé sur la transmission et l’esprit de partage
Ce qui rend Caroline unique, c’est aussi sa passion pour la transmission. Loin de se contenter de diriger, elle se plaît à partager son savoir-faire avec générosité et bienveillance. “Avant, je travaillais dans la gestion, un univers plutôt solitaire. Aujourd’hui, j’ai découvert la richesse du travail d’équipe. Former, accompagner, c’est quelque chose qui me passionne. J’aimerais même transmettre davantage, notamment aux jeunes en écoles, qui, parfois, manquent un peu de pragmatisme.”
Pour elle, l’apprentissage est une dynamique essentielle, tant pour sa propre progression que pour celle de son équipe. “Dans l’événementiel, la clé, c’est de s’adapter, d’écouter et de faire en sorte que chacun se sente impliqué. Chaque membre de l’équipe doit pouvoir contribuer et se sentir valorisé.” Caroline incarne ainsi un “leadership” ancré dans l’échange, convaincue qu’un projet ne s’épanouit vraiment que lorsque les talents de chacun sont mis en lumière.
Son approche pragmatique et centrée sur le service fait d’ailleurs la différence, notamment lorsqu’il s’agit d’accompagner les clients dans l’organisation de leurs événements. "Il n'y a rien de plus important que de se mettre à la place du client, de l’écouter et de l’orienter vraiment vers ce qu’il veut pour son événement", explique Caroline. Elle n’hésite donc pas à donner des conseils francs, même si cela signifie parfois moins vendre : "Le principe, c’est que la personne soit heureuse entre la visite et la sortie de la soirée. Cela se reflète dans nos avis Google", ajoute-t-elle, sourire en coin, visiblement fière de la satisfaction de ses clients.
Une créativité qui jaillit là où on ne l'attend pas
Caroline ne se limite pas à être une gestionnaire rigoureuse : elle est aussi une véritable visionnaire ! Dans l’univers exigeant de l’événementiel, où il faut sans cesse surprendre, elle se démarque par sa capacité à innover. “Mes meilleures idées ? Elles naissent sous la douche ! C’est souvent là que tout s’éclaire. Mais elles viennent aussi des échanges avec mon équipe, des inspirations glanées ailleurs, et surtout de l’âme du lieu lui-même.”
Sa créativité débordante a ainsi donné vie à des concepts aussi audacieux qu’inattendus, comme les “murder parties” immersives ou les quiz culturels interactifs à destination des entreprises, initiatives qui ont rapidement conquis le public. “Créer un projet de A à Z, c’est une aventure autant qu’un accomplissement. Ça demande du temps, de l’énergie, mais au moment où tout prend vie, c’est une satisfaction indescriptible.”
Contre toute attente, de tous les événements organisés Aux Belles Poules, celui dont elle se souviendra pour sûr n’a, en apparence, rien de bien spécial... et pourtant : "Ce n’était pas un événement pro qui m’a marquée, mais celui d’une dame qui célébrait ses 95 ans. C’était son rêve d’être tenancière de maison, et pour son dernier anniversaire, elle s’est fait plaisir. Elle n’avait invité que des jeunes, entre 25 et 40 ans, et la scénographie qu’elle avait prévue était adorable." Un moment émouvant qui rappelle à Caroline que, dans l'événementiel, l’humain prime avant tout.
Célébrer pour rendre hommage aux femmes qui ont façonné les maisons closes
Aux Belles Poules n’est pas seulement un établissement événementiel : c’est avant tout un lieu chargé d’histoire. Il s’agissait d’un ancien bordel du Paris du début du 20e siècle, que Caroline a choisi de réinventer. "L’idée n’était pas juste d’en faire un lieu de réception, mais une occasion de sensibiliser les gens à l’histoire des maisons closes et de la prostitution", explique-t-elle.
Depuis l’ouverture de l’établissement, Caroline a rencontré une grande bienveillance de la part de ses clients, souvent (positivement) surpris et curieux de découvrir ce lieu pas comme les autres. "En huit ans, je n’ai jamais eu de réaction négative", confie-t-elle. Bien que l’emplacement de l’établissement, rue Blondel, puisse en dérouter certains, la découverte de l’intérieur, typique des années 20, provoque des réactions souvent enthousiastes : "Le fait d’arriver dans la salle après un couloir un peu obscur et de découvrir cet écrin décoré, provoque souvent des ‘waouh’, des ‘c’est cool’", se réjouit-elle.
Outre les clients, Caroline entretient des relations respectueuses et amicales avec "les dames de la rue", comme elle les appelle, des travailleuses du sexe qui fréquentent encore le quartier. "Moi, je les adore. C’est un peu comme mes collègues... sauf qu’on ne travaille pas dans le même service", plaisante-t-elle. Aux Belles Poules devient également un lieu symbolique pour des événements comme la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, durant laquelle de nombreux rassemblements sont déjà organisés et programmés par les entreprises pour célébrer la lutte féministe. Caroline en profite pour sensibiliser son public, parfois à travers des conférences sur le rôle des femmes dans la société. "C’est notre manière à nous de contribuer à cette journée, de recevoir le maximum d’événements pour pouvoir en parler."
Être une femme à la tête d’un tel établissement a, pour Caroline, une portée symbolique importante. "C’est essentiel pour faire passer certains messages et dédramatiser certaines choses", explique-t-elle. Puis, il ne faut pas oublier que “ce n’étaient pas des tenanciers mais des tenancières qui tenaient les maisons !" Une manière pour elle de défaire certains stéréotypes et d’assurer la continuité d’une histoire qui mérite d’être connue.
Des idées et projets à n’en plus finir
À la question : “Que pourrait-on vous souhaiter, à vous et à votre établissement ?”, Caroline affiche une humilité sincère, teintée d’une détermination inébranlable. "Pour moi, je me souhaite d’avoir encore plein d’idées sous la douche !", plaisante-t-elle. "Plus sérieusement, j’aimerais pouvoir conserver cet endroit et, pourquoi pas, en ouvrir d’autres. Ne sait-on jamais." Sa passion et son énergie semblent inépuisables. "Je pense qu’il faudrait aussi me souhaiter d’avoir toujours autant envie de me lever le matin. Mais c’est facile, car je suis passionnée, même après les journées épuisantes." Pour l'établissement, son objectif reste clair : "Conserver ce magnifique décor et le rendre encore plus accessible au plus grand nombre."
Caroline n’a donc aucunement l’intention de ralentir : "Nous développons actuellement la partie événementielle en anglais pour toucher un public international. C’est un projet qui n’avait pas vu le jour jusque-là, principalement par manque de temps et un peu de procrastination, je dois l’avouer." Mais, pour 2025, elle semble bien décidée à faire de cette ambition une réalité.
Caroline bouscule sans relâche les conventions et tord le cou aux attentes à chaque tournant de sa carrière. Après tout, qui d'autre qu’elle aurait pu métamorphoser une maison close en un sanctuaire des possibles ? Une prouesse à son image, finalement : libre, affranchie et résolument tournée vers l’avenir.
Vous rêvez d’organiser un événement privé ou professionnel inédit, loin des conventions ? Aux Belles Poules est le lieu où l’impossible devient réalité !