Aux Belles Poules, maison close devenue salle de réception qui fait vibrer l'événementiel parisien
Le 21 novembre 2022
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Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, l’ancien lupanar du deuxième arrondissement de la Capitale, Aux Belles Poules, s’est transformé en un lieu de vie pluriel où les organisateurs d’événements en tout genre se plaisent à recevoir. Un établissement qui a su conserver son charme d’époque et qui ne manquera pas de rendre vos rassemblements privés et professionnels inoubliables.
Ses mosaïques, fresques érotiques et miroirs d’époques en font un lieu unique et chargé d’histoire. Ses lumières tamisées et sa grande salle aussi brillante que dans les Années folles (la climatisation et l’insonorisation en plus, ndlr) offrent à quiconque la possibilité de faire un bond dans le passé. C’est au 32 rue Blondel, dans le deuxième arrondissement de Paris, que l’on peut retrouver l’établissement Aux Belles Poules. Une ancienne maison close dont les secrets, bien gardés, en fascinent plus d’un.e ! Ce nom peu commun, on vous l’accorde, fait en réalité référence aux courtisanes et prostituées mondaines de l’époque - aussi appelées “poules”, qui “plumaient” (littéralement) les hommes riches venus se rincer l’œil. A l’époque, la devanture de la demeure, composée de carreaux rouge sang, était connue de tous les Parisiens et touristes de passage dans les années 1920. Aujourd’hui, Caroline Senot - la gérante du lieu, y organise des rassemblements de toute sorte : “fêtes de fin d’année, conférences de presse, dîners intimistes pour les entreprises, et même des fêtes d’anniversaire sous la forme de cocktails". L’objectif ? “Faire de cet espace un lieu joyeux, dans lequel les gens peuvent venir s’amuser”, nous confie-t-elle chaleureusement. Pari réussi pour cette jeune entrepreneuse qui était pourtant loin de s’imaginer, il y a encore quelques années, qu’elle s’attacherait autant à cette pépite architecturale et historique.
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Fermé en 1948 en raison de la loi Marthe Richard visant à lutter contre le proxénétisme, l’espace, tombé dans l’oubli, a commencé à reprendre vie lorsque Caroline est tombée dessus en 2011. Un peu par hasard, d’ailleurs : “A l’époque, il s’agissait d’un stock d’import/export asiatique. Ils avaient caché tout le décor derrière des panneaux en bois.” Intriguée par l’incroyable histoire de ce lieu, elle décide ainsi d’exploiter le mythe et de s’y consacrer pleinement. Depuis, l’histoire d’amour perdure...
Un lieu atypique qui a su conserver tout son charme
Des quelque 170 maisons de prostitution parisiennes, Aux Belles Poules – qui a vu le jour en 1880, est l’une des rares à être restée intacte. Elle est aussi la seule à avoir été inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Un élément dont Caroline Senot semble être très fière, puisqu’elle souhaitait avant tout conserver le charme de cet établissement. Néanmoins, les travaux, semés d’embuches, étaient “comparables aux 12 travaux d’Astérix”, affirme-t-elle entre quelques éclats de rire.
Les murs ont, en effet, été restaurés par deux artistes (qui ont réparé les céramiques et remis à neuf les parties abimées, ndlr). Le plafond, qui s’était malheureusement effondré, a lui aussi été complètement refait à l’identique par des spécialistes, avec les miroirs et les corniches. “Enfin, il y a eu aussi un gros travail de nettoyage et de restauration du sol, qui était très abimé”, poursuit-t-elle. Par ailleurs, l’ambiance générale du quartier, quant à elle, n’a pas vraiment changée. Certaines “travailleuses de sexe” continuent d’y exercer leur métier et entretiennent même une relation amicale avec Caroline. “Il est déjà arrivé que certaines d’entre elles orientent des clients qui ne trouvaient pas l’adresse exacte du lieu”, se souvient-t-elle, souriant.
Un établissement où le divertissement règne en maître
Saviez-vous qu’à son heure de gloire, en 1931, cette “maison de tolérance” accueillait 23 femmes réparties dans une vingtaine de chambre ? La tenancière était alors accompagnée de deux “sous maîtresses”, chargées de gérer les filles à l’intérieur des maisons. Un rôle plus ou moins comparable “aux ressources humaines”, ajoute Caroline sur le ton de l’humour. Les tableaux vivants (prémices du théâtre érotique, ndlr), étaient, par ailleurs, l’une des principales spécificités de cet établissement. Aujourd’hui, même si elle n'oublie pas la réalité et la face parfois sombre de bon nombre de maisons closes de l’époque (au sein desquelles les femmes étaient souvent exploitées et ne travaillaient pas forcément dans de bonnes condition, ndlr), Caroline Senot tient tout de même à rappeler que “les maisons closes n’étaient pas uniquement des lieux réservés à la sexualité, mais il s’agissait aussi d’espaces festifs et de sociabilité, où l’on pouvait s’amuser en toute liberté”.
C’est la raison pour laquelle des danseuses burlesques s’invitent désormais aux conférences et déjeuners d’affaires, afin de faire (re)vivre les années 20 à l’ensemble des participants. Tout de suite, Caroline Senot évoque le duo culotté et malicieux des “sœurs papilles” - qui propose un répertoire de chansons sur les maisons closes, sans oublier la performeuse burlesque Miss Glitter Painkiller, dont le style empreint de rock 'n'roll et d'humour est, certes, décalé, mais toujours glamour. Pour la gérante de l’établissement, ces femmes talentueuses apportent une expérience immersive inédite qui attire de nombreux organisateurs d’événements privés comme professionnels. Pourquoi ? Simplement car, le temps d’une soirée, ils peuvent passer du bon temps, se déguiser s’ils le souhaitent, tout en savourant de délicieux mets soigneusement préparés par les traiteurs, en qui Caroline donne toute sa confiance. A ce propos, pour elle, les prestataires avec qui elle travaille sont “le nerf de la guerre” : ils participent pleinement à offrir des souvenirs inoubliables aux clients.
Festoyer dans un cadre atypique, la promesse d’un événement unique
S’arrêter au décor ne suffisait pas pour Caroline Senot : “je voulais aussi raconter aux gens l’histoire fascinante des maisons closes, bien souvent méconnue”. Une histoire qui continue, encore aujourd’hui, à faire l’objet de nombreux fantasmes en tout genre, parfois erronés. “Ce qui est intéressant, c’est de remettre les choses dans leur contexte”, poursuit-elle. C’est pourquoi elle prend aujourd’hui plaisir à animer des conférences - parfois ouvertes au public, pour lever le voile sur ce sujet tabou, qui peut créer certaines craintes. “Lorsque des clients ont un doute (ce qui arrive surtout avec des grands groupes), je prends le temps de leur raconter l’histoire du lieu et cela retire toute réticence”, confie-t-elle.
Il ne fait donc aucun doute qu'organiser un temps fort Aux Belles poules, c’est offrir à ses convives une expérience originale qui marquera forcément les esprits. Grâce à ses décors d’origine (les grandes glaces et les fresques coquines, notamment, ndlr), la maison peut également accueillir des tournages et des shootings photo. Pour Caroline Senot, c’est une certitude : “C’est bien plus qu’une ancienne maison close, c’est un véritable espace de partage aux usages multiples avec une dimension artistique”, conclue-t-elle. En bref, l’endroit idéal pour tous les amateurs et amatrices de burlesque, de frous-frous, de canapés confortables, de rideaux rouges et d’ambiances hors du commun.
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