Ce que disent les chiffres : le non-remariage, un choix de plus en plus fréquent ?
Le 22 mai 2025
On en parle
Ni seconde union, ni nouvelle cérémonie, ni promesse à vie. À l’heure où le couple se repense et où l’amour n’impose plus forcément de passer par la case “officiel”, de plus en plus de Français tournent le dos au remariage. Moins par résignation que par conviction. Une mutation discrète, mais révélatrice, à la croisée des aspirations personnelles, des réalités économiques… et des nouvelles façons d’être heureux.

Autrefois, on remettait le couvert sans trop se poser de questions. Un mariage brisé - par la mort ou par le divorce, appelait presque naturellement un second. On recousait les fils d’une vie conjugale pour rester dans les clous : donner un nouveau parent aux enfants, recréer du “nous”, retrouver une place dans le grand théâtre social. Le remariage, bien que sujet tabou, était la suite logique. Une évidence, qui, aujourd’hui, s’effiloche.
Depuis quelques années, après une rupture, beaucoup ne sautent plus tête baissée dans un nouveau costume de marié comme si de rien n’était. Le temps s’impose, le tri s’installe. Parfois, le choix se fait entre silence et solitude, ou un duo libre, sans bague ni contrat. Le couple se métamorphose, ses frontières s’effacent, et le mariage - surtout quand il s’agit d’une seconde fois, n’est plus l’unique horizon.
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Des chiffres révélateurs
En 2021, la France a vu célébrer 207 000 mariages, mais derrière ce chiffre se cache une évolution notable : 17 % seulement de ces unions réunissaient au moins un conjoint remarié, d’après l’INSEE. Une chute par rapport à 2010, où ce taux flirtait encore avec les 20 %. Pendant ce temps, les divorces restent obstinément stables, à environ 130 000 chaque année.
L’INSEE précise, par ailleurs, que le taux de remariage après un divorce oscille autour de 38 % en moyenne, un chiffre qui, loin d’être figé, se plie aux influences des parcours de vie, des ressources et des envies de chacun.
Un déséquilibre entre hommes et femmes
C’est un fait : les hommes ont tendance à se remarier plus souvent que les femmes. Selon les données de l'INSEE, relayées par le site ma-separation.fr, près de 42 % des hommes divorcés franchissent à nouveau le pas du mariage, contre seulement 34 % des femmes. Ce déséquilibre, régulièrement observé par les sociologues, s’explique par plusieurs facteurs imbriqués. D’un point de vue social, les femmes, notamment après un certain âge, disposeraient souvent d’un réseau relationnel plus étoffé en dehors du couple : amitiés solides, vie sociale active, liens familiaux préservés. Ce tissu social leur permettrait d’envisager une vie épanouie sans nécessairement passer par une nouvelle union.
À cela s’ajoute une forme de réticence, parfois marquée, à l’idée de replonger dans un schéma conjugal synonyme (pour certaines) de charge mentale et domestique. Après des années passées à gérer les contraintes de la vie à deux, beaucoup expriment un désir d’autonomie et une volonté de préserver leur liberté retrouvée. L’âge entre également en ligne de compte : les données révèlent que les moins de 40 ans sont bien plus enclins à se remarier que les personnes de plus de 50 ans, pour qui la priorité est souvent ailleurs que dans la reconstitution d’un couple officiel.
Des logiques patrimoniales parfois dissuasives
Le remariage n’est pas seulement une affaire de sentiments : il s’inscrit aussi dans un contexte socio-économique qui influence fortement les trajectoires individuelles. Les données montrent que les personnes disposant d’un niveau d’éducation plus élevé et d’une situation financière stable ont davantage tendance à se remarier. Ce choix, loin d’être anodin, résulte souvent d’un arbitrage subtil entre les aspirations personnelles, les ressources disponibles et les représentations que l’on se fait de l’amour, de l’engagement… et de la liberté.
Mais au-delà des dimensions culturelles ou affectives, des considérations très concrètes entrent en jeu. Pour les retraités en particulier, le fait de se remarier peut avoir des conséquences sur le montant des pensions de réversion, les droits de succession ou encore l’accès à certaines aides sociales. Dans ce contexte, certains couples choisissent de vivre ensemble sans officialiser leur union afin de ne pas compromettre un équilibre financier parfois fragile ou de ne pas complexifier davantage une succession déjà délicate - notamment lorsqu’il y a des enfants issus de précédentes unions. Le remariage devient alors un choix qui, s’il reste symbolique et affectivement fort, doit aussi composer avec des logiques patrimoniales parfois dissuasives.
Unions libres, PACS et autres formes d’engagement
Il faut aussi prendre en compte le fait que le remariage n’est plus l’unique voie pour officialiser une relation. En parallèle du mariage, d’autres formes d’union gagnent en popularité et redessinent les contours de la vie conjugale. Le PACS, en particulier, connaît un succès croissant : avec plus de 208 000 pactes civils de solidarité enregistrés en 2022 contre 207 000 mariages, il s’impose désormais comme une alternative de poids. Moins solennel, juridiquement plus souple, et plus facile à dissoudre, le PACS séduit aussi bien les jeunes générations que les couples plus mûrs, parfois remariés “de cœur” mais désireux d’éviter les contraintes administratives et patrimoniales du mariage.
À côté de ces cadres officiels, certains choisissent délibérément de ne rien formaliser du tout. Relations polyamoureuses, amours à distance, couples vivant séparément mais unis affectivement… autant de configurations qui traduisent un changement profond dans les représentations de l’engagement. Pour beaucoup, aimer ne nécessite plus d’être inscrit dans un cadre institutionnel. Ce contournement des formes traditionnelles n’est pas forcément synonyme de rejet de l’amour ou de la fidélité, mais bien d’une volonté affirmée de construire sa vie de couple à sa manière, en dehors des normes établies.
Le célibat choisi : une trajectoire de plus en plus assumée
Si le célibat subi – celui que l’on n’a pas vraiment choisi, souvent lié à un veuvage ou à une séparation douloureuse, a toujours existé, une autre forme de solitude prend aujourd’hui de l’ampleur : celle du célibat volontaire. Longtemps regardé avec suspicion ou associé à une forme de solitude triste, il est désormais davantage revendiqué, non comme un repli, mais comme une voie d’épanouissement personnel.
Ainsi, le non-remariage n’est plus un simple effet collatéral des statistiques matrimoniales : il s'agit d’un choix de vie affirmé, mais aussi et surtout d’un marqueur d’une société en mutation, où l’on ose désormais revendiquer d’autres façons d’aimer... ou de ne plus aimer du tout. Derrière cette tendance, se dessinent ainsi de nouvelles visions du bonheur : moins normées, plus solitaires peut-être, mais pas moins riches en sens.
Que le remariage soit pour vous une évidence ou un nouveau départ, ABC Salles vous aide à trouver l’endroit parfait pour écrire cette nouvelle page !