Le burn-out, un nouveau fléau pour les futures mariées ?

Le 02 juillet 2024 On en parle

Le stress de la planification de mariage peut transformer une période joyeuse en un véritable cauchemar. Le phénomène de “burn out” chez les futures mariées se multiplie, rendant alors la préparation des noces aussi exigeante qu'un travail à temps plein. L’urgence : trouver des solutions pour pallier cette source de stress intense qui nuit au bonheur des fiancées.

Le mariage, aboutissement d'une belle histoire d'amour, est le “plus beau jour de sa vie”, comme on dit souvent. Mais pour certaines futures mariées, ce rêve idyllique se transforme en un véritable cauchemar, les menant au bord du “burn out”. Un phénomène inquiétant qui a quitté la sphère professionnelle, donc, et qui touche de plus en plus de femmes, submergées par la pression et l'ampleur de la tâche.  

“J’étais en permanence dans un flou mental. Je n’avais plus de mémoire, je devais tout noter. Et j’en suis arrivée au point où il devenait de plus en plus difficile de me lever le matin”, se confie ainsi Lisa dans les colonnes de Madame Figaro. Elle avait 27 ans, la tête pleine de rêves et le cœur rempli d'amour lorsqu'elle s'est lancée dans la préparation de son mariage. Une union qui était pour elle synonyme de fête, de joie... Mais dont la réalité allait vite la rattraper.

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Félicitations reçues et questions en cascade. La frénésie des préparatifs s'est emparée de la jeune fiancée. Lieu de réception, budget, liste d'invités, cérémonie religieuse ou laïque... Un tourbillon d’interrogations et de choix s'est abattu sur elle. Chaque décision semblait lourde de conséquences et chaque détail une montagne à gravir. L'étau se resserre, le stress monte. Concilier les envies de chacun, respecter les traditions tout en ajoutant sa touche personnelle, trouver la robe parfaite et surtout... ne pas dépasser le budget : un véritable casse-tête chinois pour la future mariée. 

Même son de cloche pour Céline, 38 ans : “Je m’attendais à ce qu’il y ait un peu de travail mais pas autant !” Son mariage, elle en avait toujours rêvé. Un jour magique, baigné de bonheur et de romantisme, comme dans les films et les magazines. Mais lorsqu'elle s'est lancée dans l'organisation du “plus beau jour de sa vie”, elle a vite déchanté. Elle s’est rapidement sentie dépassée... alors que, dans les films, les séries et sur les réseaux sociaux, les futures mariées semblent, elles, si comblées et chouchoutées...  

Tyrannie du “parfait” et médias sociaux 

De plus en plus de mariées en devenir brisent le silence, confiant les épreuves traversées avant le jour J. Car la réalité du mariage est loin d'être aussi parfaite que ce que l'on voit à l'écran. Les moments de stress, de doutes et de fatigue sont bien plus nombreux qu’on ne le pense. L’une des principales sources de stress pour les fiancées : l'omniprésence des réseaux sociaux et leur diktat du “parfait” qui n'arrangent rien. Instagram, Pinterest, TikTok, blogs spécialisés... On y découvre une avalanche d'idées, de tendances et d'injonctions au “succès”, “à la réussite de” pour faire dans “l’inoubliable”. C’est ainsi que partout essaiment des articles comme : “x animations pour un mariage inoubliable", "Le top x des robes de mariée à choisir cette année pour être la plus belle”, “comment bien organiser un mariage bohème chic”... Une liste interminable de "choses à faire” et à “ne (surtout) pas faire", qui peut vite se transformer en cauchemar pour les futures mariées. 

“Mais personne ne nous explique “comment je fais si mon domaine déconne ?””, condamne Lisa, encore marquée par la dernière semaine de préparatifs de son mariage dans le Tarn en septembre 2021. Entre les annulations de dernière minute et le plan de table à refaire, elle a dû faire face à un problème bien plus gros : “comment on fait quand, juste avant le mariage, les invités nous disent que le gîte pour 70 personnes présentes sur le domaine ne leur avait toujours pas confirmé leur réservation ?”, déplore la jeune femme. 

Panique, stress, culpabilité de ne pas avoir fait “comme il faut”... La pression des réseaux sociaux peut avoir des effets dévastateurs sur le mental des futures mariées. On se compare à ces mariages idylliques, où tout semble parfait et maîtrisé, et on oublie que la réalité est souvent bien plus chaotique. Pour éviter à l’angoisse de se faire une trop grande place : 

·        Définissez vos propres priorités. Qu'est-ce qui est vraiment important pour vous ? Un mariage grandiose ou un moment intime et convivial ? Ne vous laissez pas influencer par les modes et les tendances. 

·        Fixez un budget réaliste. Et respectez-le ! Inutile de se ruiner pour un mariage "parfait" qui vous mettra en difficulté financière pendant des années. 

·        Faites confiance à votre instinct. Oubliez les diktats des réseaux sociaux et choisissez ce qui vous plaît, ce qui vous correspond. Votre mariage doit être le reflet de votre personnalité et de votre couple. 

·        Entourez-vous de personnes positives et bienveillantes. Évitez les perfectionnistes chroniques et les adeptes des comparaisons. Privilégiez le soutien et les encouragements de vos proches. 

·        Lâchez prise et profitez du moment ! Le mariage est une fête, avant tout. Ne vous laissez pas submerger par le stress et savourez chaque instant de cette journée unique. 

N'oubliez jamais que le mariage est (avant tout) une célébration de l'amour et de l'engagement. Le “parfait” n'existe pas, et ce sont les imperfections et les imprévus qui rendent ce jour si spécial. Alors, respirez un grand coup, faites confiance à la vie et laissez-vous porter par l'émotion de ce moment unique. 

Quand les proches dictent leurs règles 

Autre phénomène et pas des moindres dans le cadre de la célébration d’une union : l'ingérence excessive de certains proches dans les choix des futurs mariés. Entre conseils non sollicités, fait d’imposer ses choix, goûts et attentes, et critiques à tout va, les préparatifs peuvent parfois causer un véritable champ de mines familial. De quoi être source de tensions et de frustrations pour tous. 

Stéphanie, 37 ans, en a fait les frais. Son choix d'une cérémonie laïque a provoqué l'incompréhension et la désapprobation d'une partie de ses proches. Issue du milieu catholique, elle a fait le choix de plus de liberté et d’originalité : “beaucoup de membres de ma famille ne comprennent pas que l'on ne se marie pas à l'église, donc je ne les ai pas invités.” Lisa, elle aussi, a vécu une expérience similaire. “Petit à petit, les masques sont tombés”, explique-t-elle. “En faisant le choix d'une cérémonie laïque, j'ai découvert que ma famille était finalement très “tradi” alors que je ne le pensais pas du tout”. Cette ingérence familiale s'est immiscée dans tous les aspects de la préparation du mariage, du choix des invités à la taille de la réception. “Je voulais un petit mariage. Je ne voulais pas qu'il y ait des cousins que je n'avais jamais vus de ma vie. Et ce choix a mis beaucoup de pression à mon père. Il ne comprenait pas”, raconte-t-elle encore, étonnée par cette réaction alors que ses parents étaient “tellement heureux” à l'annonce de son mariage. 

Ces situations ne sont malheureusement pas isolées. De nombreuses futures mariées se retrouvent confrontées à la pression de leur entourage, qui souhaite influencer leurs choix et faire du mariage un événement conforme à leurs propres attentes, souvent traditionnelles. 

Pourquoi cette ingérence est-elle si problématique ? 

·        Elle brise l'intimité du couple. Le mariage est un moment unique qui doit célébrer l'amour des futurs mariés, et non les attentes de leur famille. 

·        Elle crée du stress et de la culpabilité. Se sentir obligée de faire plaisir à tout le monde peut être source d'une grande angoisse pour les futurs mariés. 

·        Elle peut nuire à la relation avec les proches. Des conflits et des ressentiments peuvent s'installer si les futurs mariés cèdent à la pression et ne font pas respecter leurs choix. 

Comment se libérer de l'ingérence familiale ? 

·        Communiquez avec votre conjoint(e). Parlez de vos envies, de vos priorités et de vos limites. Prenez vos décisions ensemble et faites front uni face à la pression extérieure. 

·        Fixez des limites claires. Expliquez à vos proches que vous comprenez leur attention, mais que c'est votre mariage et que vous souhaitez le préparer à votre façon. 

·        Soyez ferme. N'ayez pas peur de dire non si vous n'êtes pas d'accord avec une proposition. 

·        Apprenez à dire “Je ne sais pas”. Il n'est pas nécessaire d'avoir toutes les réponses tout de suite. Prenez le temps de réfléchir et de faire vos choix en couple. 

·        Entourez-vous de personnes positives. Privilégiez le soutien et les encouragements de vos amis et de votre famille qui respectent vos choix. 

Organiser son mariage : un travail à temps plein 

Des mois. Parfois, même, des années. Préparer un mariage demande du temps, de l'énergie, une multitude de compétences et, pour certaines noces, un sacré carnet d’adresses ! Ce qui peut vite se transformer la période des préparatifs en un véritable job à temps complet. Comptable, graphiste, diplomate, styliste, gestionnaire de projet... Les futures mariées doivent jongler entre mille et une tâches, en plus de celles qu’elles accomplissent déjà au quotidien indépendamment de leur vie professionnelle : élaborer le budget, choisir le lieu de réception, sélectionner le traiteur, trouver la robe de mariée, envoyer les invitations, gérer la décoration, la musique, l'animation... La liste est longue et sans fin. 

L’essor du métier de wedding planner 

Pas étonnant, donc, que le métier de wedding planner ait le vent en poupe. Ces professionnels prennent en charge l'organisation complète du mariage, soulageant ainsi les couples d'une charge mentale et logistique considérable. “Cela prouve bien que c'est un vrai travail à part entière”, souligne la sociologue Florence Maillochon dans les colonnes du magazine. Mais faire appel à un wedding planner a un coût, un coût souvent inaccessible pour de nombreux couples. 

C'est le cas de Céline, mère de famille, dont le mariage dans les Vosges s'est tenu en juin 2024. Avec un budget de 6 000€, elle n'a pas pu s'offrir les services d'un professionnel. Pour financer la cérémonie, Céline a dû reprendre un travail à temps partiel d'assistante ménagère à domicile après une pause professionnelle pour s'occuper de ses trois enfants. “Au début, ça se passait bien, j'avais de super clients. Mais ce n'était pas un métier qui m'animait et avec le mariage je prenais sur moi pour continuer, je pensais arrêter après la fête.” En décembre, son corps a dit stop. Epuisée par le travail, l'organisation du mariage et le manque de temps pour elle-même, elle a fini en arrêt maladie. Un cas loin d’être isolé puisque de nombreuses futures mariées se retrouvent dépassées par la charge de travail que représente l'organisation d'un mariage en raison des attentes que fait peser sur elles la société et leurs familles. 

SOS d’une fiancée seule et épuisée 

“Je suis arrivée chez le médecin et j'ai pleuré comme pas possible. Je n'avais plus d'énergie, je me sentais vide”, confie-t-elle. La pression de tout vouloir faire parfaitement, avec des moyens limités, l'a finalement rattrapée. Pour compenser l'absence de wedding planner, Céline s'est tournée vers les DIY, ces tutoriels en ligne qui promettent de réaliser soi-même sa décoration de mariage à moindre coût. “Dès le départ, on savait qu'on ne pourrait pas payer une fleuriste pour décorer toute la salle, alors je me suis tournée vers les tutos”, explique-t-elle. 

Des heures passées à confectionner des fleurs en papier crépon, des guirlandes lumineuses, des marque-places personnalisés... Un travail colossal qui s'est ajouté à ses autres obligations, engendrant un stress supplémentaire. “Je passe des jours et des jours à faire des choses, je bosse pour le mariage à fond. Je suis contente de le faire mais ça me rajoute un stress.” Cette pression à la perfection et à la personnalisation à outrance est, selon la directrice de recherche au CNRS Florence Maillochon, une caractéristique des mariages d'aujourd'hui. “Les mariées en font beaucoup et même de plus en plus, la pression à magnifier la cérémonie a augmenté en trente ans. Elles ont des exigences esthétiques fortes qui complexifient la préparation.” 

Un phénomène amplifié par la baisse du nombre de mariages en France. “Au fur et à mesure que le nombre de mariages baisse, les cérémonies se font de plus en plus spectaculaires. Et faire un beau mariage aujourd’hui c’est vouloir le personnaliser”, analyse la sociologue. 

Mais cette quête de perfection a un prix, et pas seulement financier. Les futures mariées se retrouvent souvent seules face à l'ampleur de la tâche, cumulant les rôles de cheffe de projet, décoratrice, styliste... Un travail invisible et sous-estimé, d'autant plus qu'il n'est pas rémunéré. 

“Si on demandait à des hommes de le faire, on appellerait ça “gestion de projet événementiel” et tout de suite, les multiples tâches et compétences exigées apparaîtraient plus complexes et valorisantes", raille finement Florence Maillochon. "L'épuisement des futures mariées naît de tout un système d'inégalité du partage des tâches entre hommes et femmes." 

Trop, c’est trop ! 

“La plupart des femmes qui se marient aujourd’hui travaillent”, précise encore la sociologue. C'est donc une "deuxième journée de travail" invisible et épuisante. L'injonction à la perfection, les magazines et réseaux sociaux où fusent des images de mariages idylliques... Tout ça nourrit un sentiment d'insuffisance chez les futures mariées. Le mariage doit être parfait, à la hauteur des rêves et des attentes des autres. 

Aussi ne le martèlerons-nous jamais assez : la perfection n’existe pas. Inutile de chercher à l’atteindre à tout prix... surtout pas au détriment de votre santé, en VOUS oubliant au cœur de la tornade des préparatifs. Et si vous sentez que vous dépassez vos limites : n'hésitez pas à consulter un professionnel. Un psychologue ou un coach pourra vous aider à gérer le stress et à vivre votre mariage sereinement. 

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