La fête des Conscrits, une institution solidaire et festive unique en France
Le 02 avril 2024
Et ailleurs
Des rituels et des costumes. Voilà maintenant plus d'un siècle que les jeunes vingtenaires du Beaujolais nés une même année célèbrent ensemble leurs premiers pas dans la vie d'adulte et font perdurer la coutume militaire des Conscrits, lancée par leurs aïeux. Ceux-ci, alors appelés sous les drapeaux pour effectuer leur service national à cet âge, avaient pour habitude de festoyer avant leur départ.

Dans le jargon militaire d’alors, le conscrit était un jeune civil appelé pour prendre les armes afin de défendre la nation. Une jeune recrue, novice dans l’art de la guerre, qui devait donc rejoindre les forces armées.
Mais avant leur départ, ses camarades et lui (seuls les hommes étaient concernés, ndlr) avaient pour habitude de festoyer dans toute ville après avoir assisté à une messe à l’occasion de laquelle un drapeau était béni et un hommage était rendu aux conscrits disparus au cours des dix dernières années. Une célébration qui, bien qu’il n’y a plus de guerre impliquant des civiles pour l’heure, perdure au sein de la commune de Villefranche-sur-Saône.
Depuis le XXe siècle, le rituel marquant le début de la nouvelle année et l’entrée dans la vingtaine des recensés locaux reste ainsi inchangé. Même si les dames ont été autorisées à rejoindre les classes à partir de 1938 et qu'être un conscrit n'a plus rien d'obligatoire de nos jours, le maire fait toujours le geste symbolique de donner les clés de la ville à celles et ceux ayant fait le choix de l'être et qui, chaque année, battent le pavé pendant deux jours, entre défilés humoristiques, banquets et bals.
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Aux origines de la fête des Conscrits
La tradition de la fête des classes trouve ainsi ses racines dans la conscription, régie en 1798 par la loi Jourdan-Debrel. Elle imposait à tous les Français d’alors, âgés de 20 ans, de rejoindre l'armée jusqu'à l'âge de 25 ans, comme l’indique encore la rubrique “histoire” du site des Conscrits de Villefranche-sur-Saône. Chaque année depuis, une classe était formée par les jeunes hommes nés la même année, et les plus jeunes étaient appelés en premier, suivis des autres classes en fonction des besoins militaires.
Bien que cette loi a été inégalement appliquée, avec la possibilité, pour les plus aisés, de se faire remplacer, elle a perduré jusqu'à l'institution du service militaire obligatoire en 1905. Dès lors, être déclaré apte au service militaire devenait un motif de fierté pour les jeunes, marquant ainsi le début de la fête des conscrits.
Chaque année, le conseil de révision établissait la liste des conscrits. Ils étaient ensuite photographiés en groupe devant la mairie et offraient une cocarde blanche aux filles de leur âge. Cette célébration se poursuivait parfois avec une fête plus ou moins improvisée. Au fil du temps, cette tradition s’est vu devenir en vogue : les conscrits, accompagnés de musiciens, collectaient des fonds auprès des habitants pour financer l'événement. Le bal marquait le début des réjouissances, précédé par une procession dansante à travers le village. Il est intéressant de noter, par ailleurs, que différentes décades sont généralement représentées, avec des manifestations organisées tout au long de l'année pour chaque classe.
Rites martiaux et hommages au cœur des festivités
Il faut savoir que le programme de la fête est très chargé. Il s'étend sur six jours, rappelle le site des Conscrits de la ville de Villefranche-sur-Saône. Soit du vendredi au mercredi suivant, traditionnellement fin janvier. Elle réunit d'abord les hommes et les femmes nés la même année, bien que ces derniers jouent un rôle bien distinct dans le déroulement de cette célébration. Pour accueillir ensuite la promotion de soldats de l'année en cours.
La semaine des festivités se devise en deux. Le premier temps fort des célébrations, se déroulant du vendredi au dimanche soir, est généralement ouvert au public et rassemble la population, tandis que la seconde partie, du lundi au mercredi, est plutôt discrète et privée, réservée principalement aux conscrits entre eux.
Durant ces festivités, tout est réglé comme du papier à musique et de nombreuses animations rythment ces journées, apprend-on encore sur le site des Conscrits. On sonne la cloche du début des célébrations avec un hommage au monument aux morts, suivi d'une messe en leur mémoire. Ensuite, les classards défilent, fièrement coiffés de leur chapeau et de leur cocarde, accompagnés par la musique. Vient après cela le moment le plus jovial de la fête, qui n'est autre que l'apéritif offert à la population. Une tradition qui perdure depuis des années, permet de dynamiser la vie communautaire et de tisser des liens intergénérationnels, faisant ainsi de la participation des différentes classes une expérience mémorable et enrichissante pour tous les habitants.
Conscrits un jour, conscrits toujours
Être un conscrit signifie faire partie d’une même et grande famille, malgré l’absence de liens de sang. Cette dernière est régie par l'amitié, l'entraide et, avec elle, les distinctions sociales s'effacent. La solidarité est de mise en cas de besoin, et des liens privilégiés se tissent avec le temps entre les différentes générations. Ce qu'il y a de particulièrement amusant entre les membres de cette famille : le tutoiement y est banni, comme le souligne ce document.
Afin de conserver ces liens, si spéciaux, ils organisent ainsi des rassemblements festifs afin de se retrouver, se remémorer les événements et les aventures vécus tous ensemble et d’honorer la mémoire de leurs aïeux avec des expositions des festivités, des bals ainsi que des défilés.
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