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Le mariage a son rituel, le divorce aussi : plongée dans le rikon-shiki japonais

Au Japon, même la fin d’une union s’enrobe de symbolique et de dignité. À travers le rikon-shiki, cérémonie de divorce unique en son genre, les ex-époux choisissent de se dire adieu dans un climat apaisé et respectueux, transformant ce moment souvent douloureux en une étape assumée et élégante de la vie.

Adobe Stock - Photo d'illustration - Le divorce en toute dignité : le rikon-shiki, cette cérémonie japonaise qui transforme la séparation en moment élégant et apaisé.

Dans l’imaginaire collectif, le divorce évoque la rupture, la tension et parfois même l’humiliation. Pourtant, au Japon, certains couples font le choix d’une approche différente, presque poétique : le rikon-shiki. Ce rituel moderne illustre parfaitement l’art japonais d’intégrer la solennité et la beauté aux moments charnières de la vie.  

Si le mariage se célèbre en grande pompe, pourquoi la séparation ne mériterait-elle pas, elle aussi, d’être marquée avec dignité ? Loin d’être anecdotique, cette cérémonie offre un nouvel éclairage sur la façon d’envisager la fin d’une union

Une cérémonie pour tourner la page 

Dans la culture japonaise, même la fin d’un mariage mérite d’être ritualisée. Le rikon-shiki — littéralement “cérémonie de divorce” - a vu le jour en 2009 sous l’impulsion de Hiroki Terai. Constatant que de nombreux couples vivaient leur séparation dans le silence ou l’amertume, il a imaginé un cadre pour la transformer en un moment digne et symbolique. Aujourd’hui, cette pratique attire de plus en plus d’ex-époux en quête d’un adieu apaisé et respectueux. 

À lire aussi : Mariage shinto : peut-on y participer sans être japonais ni croyant ?

La cérémonie n’a aucune valeur juridique, mais elle marque la fin officielle aux yeux de la famille, des amis et de la communauté. Dans une société où l’image publique est capitale, cette approche offre aux deux parties la possibilité de préserver leur honneur et d’avancer sans rancune. 

Le déroulement d’un rikon-shiki : solennité et symboles 

Bien que chaque rikon-shiki soit unique, la cérémonie suit souvent une trame, orchestrée pour favoriser l’émotion et la reconnaissance mutuelle. On retrouve généralement les étapes suivantes : 

  • Accueil des invités : les familles, amis proches et parfois collègues sont conviés, pour donner un caractère public et assumé à la séparation. 
  • Discours des ex-époux : chacun prend la parole pour exprimer ses sentiments, remercier l’autre pour les années partagées et formuler des vœux pour l’avenir. 
  • Intervention d’un “séparateur” : sorte de maître de cérémonie, il guide l’échange, apaise les tensions et ponctue l’événement de mots d’encouragement. 
  • Bris des alliances : moment phare du rikon-shiki, les ex-époux cassent ensemble leurs anneaux de mariage avec un petit marteau. Ce geste fort symbolise la fin officielle de leur union. 
  • Toast final : un verre levé à la nouvelle vie de chacun, pour sceller la séparation dans la bienveillance. 

Le tout se déroule dans un climat à la fois solennel et apaisant, transformant une étape souvent douloureuse en moment assumé. 

Pourquoi choisir un rikon-shiki ? 

Si le divorce reste un moment sensible, le rikon-shiki séduit de plus en plus de Japonais pour les bénéfices qu’il procure. Cette approche incarne la philosophie japonaise : accepter le changement et chercher la beauté même dans la fin

  • Clore un chapitre positivement : plutôt que de partir fâchés, les ex-époux affichent leur volonté de se séparer en paix. 
  • Annoncer la séparation officiellement : la cérémonie évite les rumeurs ou malentendus en impliquant les proches dans l’annonce. 
  • Préserver les relations sociales : montrer un front uni devant la famille ou la belle-famille est un gage d’élégance dans la société japonaise. 
  • Donner du sens à la rupture : à travers les rituels, le divorce devient une étape symbolique et non un simple acte administratif. 

Divorcer après la mort 

Moins connu mais tout aussi révélateur, le shigo rikon est une pratique unique qui permet à un conjoint veuf de divorcer… d’un défunt. Cette démarche administrative rompt symboliquement le lien conjugal avec un conjoint décédé, souvent pour marquer son indépendance face à la belle-famille ou se libérer des obligations sociales et familiales. Parmi les raisons qui motivent ce choix : 

  • Se détacher des responsabilités envers les beaux-parents : particulièrement dans les familles traditionnelles où la belle-fille doit prendre soin des parents du mari. 
  • Tourner la page émotionnellement : affirmer sa volonté d’aller de l’avant. 
  • Reprendre le contrôle sur sa vie : se réaffirmer comme individu à part entière. 

Bien que rare, cette pratique montre à quel point le statut marital continue d’influencer la place de chacun dans la société japonaise

Une pratique révélatrice de la mentalité japonaise 

Le rikon-shiki et le shigo rikon illustrent plusieurs aspects profondément ancrés dans la culture japonaise. Cette façon d’appréhender le divorce tranche avec l’image négative souvent véhiculée en Occident, et invite à réfléchir à d’autres façons d’envisager la fin d’un mariage

  • L’importance des rituels : chaque étape de la vie est rythmée par des gestes codifiés qui facilitent le passage et apaisent les émotions. 
  • La gestion collective des moments intimes : la séparation est assumée devant témoins, montrant que la vie privée et la vie sociale sont intimement liées. 
  • Le refus du conflit inutile : la priorité est donnée à la sérénité plutôt qu’au ressentiment. 

Peut-on imaginer un rikon-shiki ailleurs ? 

Si cette pratique reste typiquement japonaise, elle commence à intriguer des couples ailleurs dans le monde. Organiser un rituel pour clore une union, même sous une autre forme, peut aider à mieux vivre la séparation. Discours, dîner symbolique ou même simple geste partagé : autant de façons de s’inspirer de l’esprit du rikon-shiki sans en reproduire la forme exacte. 

En redonnant du sens et de la dignité à la fin d’une histoire, le rikon-shiki bouscule les idées reçues sur le divorce. Il nous rappelle qu’une séparation n’est pas nécessairement synonyme de conflit ou d’échec : elle peut aussi être un acte réfléchi et respectueux, digne des promesses qui l’ont précédée. Et si on apprenait, nous aussi, à dire adieu avec élégance ? 

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Questions fréquemment posées

Le rikon-shiki est-il obligatoire au Japon ?

 Non, c’est une pratique purement symbolique et optionnelle.

Combien coûte un rikon-shiki ?

Les tarifs varient selon la prestation, en moyenne entre 300 et 1500 euros.

Peut-on organiser un rikon-shiki plusieurs années après le divorce ?

 Oui, il n’y a pas de délai : certains couples choisissent de le faire longtemps après la séparation légale.

Est-ce mal vu au Japon ?

 Au contraire, c’est de plus en plus perçu comme une démarche mature et saine.

Les enfants assistent-ils à la cérémonie ?

 Souvent, oui. Cela leur permet de mieux comprendre et d’accepter la séparation.

FAQ

Suggestions de lieux de réception

Péniche Cinéma
Péniche Cinéma Paris 19ème (75019)
Le Panorama
Le Panorama Paris 13ème (75013)
Le Scarlett
Le Scarlett Paris 6ème (75006)

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