Papier mâché, bonbons et chocolats : d'où viennent les piñatas ?
Le 28 octobre 2020
Et ailleurs
Elles ont traversé les âges et les continents. Prenant tantôt la forme d’animaux, tantôt celle d’objets divers, les piñatas sont, pour beaucoup, devenues des incontournables de fête. Stars des anniversaires, mais pas que, elles séduisent petits et grands qui, yeux bandés et bâton en main, s’empressent de les briser pour en répandre le contenu. Quelques lignes pour vous conter l’histoire de ces figures en papier qui recèlent de surprises et autres confiseries.

La piñata est un “récipient suspendu que des enfants aux yeux bandés brisent à coups de bâton pour y récupérer des friandises”, définit le Larousse. Une animation venue d’ailleurs, qui a gagné ses lettres de noblesse par chez nous...
Un jeu originaire de Chine
Il était une fois la piñata... en Chine ! L’idée que la piñata provienne de l’Empire du Milieu est troublante, n’est-ce pas ? Et pourtant, la croyance voudrait que les Chinois aient été à l’origine de ce concept, lors de leurs célébrations du Nouvel An qui marquaient le début du printemps. Pour favoriser les récoltes à venir, ces derniers fabriquaient des coques en forme de bœufs, de vaches ou de buffles, qu’ils tapissaient alors de papiers colorés et qu’ils remplissaient de différentes sortes de graines. Puis, à l’aide d’un bâton aux multiples couleurs, ils les cassaient, à la suite de quoi ils brûlaient le papier décoratif. Les cendres alors récupérées étaient conservées toute l’année comme porte-bonheur.
Mais alors, comment ces “piñatas ” auraient voyagé de la Chine au Mexique ? Nous vous donnons un indice : elles auraient d’abord été rapportées sur le vieux continent par un célèbre marchand italien…
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Marco Polo et la "pignatta" italienne
Au XIIIème siècle, le voyageur vénitien, Marco Polo, aurait, donc, rapporté chez lui cette “piñata” chinoise, et c’est en Italie qu’elle aurait pris son nom actuel, nous apprend le site La Piñata. “Piñata” vient ainsi de l’italien “pignatta”, qui signifie “marmite fragile”. Le principe était alors très similaire : il s’agissait de briser un récipient en céramique, plus ou moins décoré.
Au lieu de graines, celui-ci était rempli de bibelots, de bijoux ou encore de bonbons divers. C’est lors du siècle suivant que la religion catholique s’est emparée de cette pratique pour la christianiser. Elle en fit un élément majeur des fêtes du Carême, et la répandit à travers l’Europe, en passant par l’Espagne.
Toujours pas de Mexique à l’horizon… Mais cela ne saurait tarder.

Les missionnaires espagnols et l'Amérique latine
C’est par le biais des conquistadors espagnols que la piñata serait arrivée au Mexique, il y a de cela 500 ans, selon le site Mexique Découverte. Ce qu’ils ignoraient, c’était que les peuples indigènes du Mexique avaient déjà une tradition semblable.
Les Aztèques, par exemple, célébraient, en fin d’année, l’anniversaire de leur dieu du soleil et de la guerre, Huitzilopochtli. C’est ainsi qu’ils plaçaient dans son temple un pot d’argile rempli de trésors à destination de leur dieu. Celui-ci, orné de plumes colorées, était ensuite brisé avec un bâton. Un précieux magot qui se répandait alors au sol, en offrande à Huitzilopochtli. Les Mayas, de leur côté, avaient un jeu similaire où les participants, yeux bandés, devaient frapper un pot d’argile attaché à une corde.
Les missionnaires espagnols se sont basés sur ces traditions existantes, et leur forte ressemblance avec la pignatta italienne, pour donner naissance à la piñata que nous connaissons aujourd’hui.
Faites d’argile et recouvertes de papier coloré, les premières piñatas prenaient la forme d’étoiles à 7 branches. Chacune d’elle représentait l’un des 7 péchés capitaux. “La piñata était utilisée comme un instrument de conversion, afin d'enseigner ce qu'est le mal”, révélait Araceli Juarez, spécialiste de cette tradition, aux équipes de La Croix. En la frappant les yeux bandés, l’individu livrait alors un combat aveugle contre le mal et la tentation, témoin de sa foi. En récompense pour ses efforts, il récupérait le contenu répandu sur le sol devant lui.
Si cet aspect religieux s’est peu à peu estompé, la piñata reste l’une des traditions phares du Mexique, notamment lors des fêtes de fin d’année.
La piñata de nos jours
Au Mexique, la piñata fait partie intégrante des festivités des “posadas”. Celles-ci se tiennent durant les 9 jours précédant Noël et symbolisent la recherche d’une auberge (une posada) par Joseph et Marie. Lors de ces fêtes, une piñata est brisée à la fin de chaque journée. La traditionnelle forme d’étoile, cette fois-ci, représente l’étoile du berger ayant guidé les rois mages jusqu’à Bethléem. Un symbole religieux tout aussi important que la lutte contre les péchés capitaux.
Mais pour beaucoup de Mexicains, la connotation religieuse de la piñata s’est perdue au fil des générations. La tradition sert désormais à de nombreuses occasions, en dehors des posadas. Dans les anniversaires, elle s’est imposée comme un jeu incontournable. Une chanson, intitulée “Dale, Dale, Dale”, a même codifié la pratique de frapper dans une piñata.
Si la traditionnelle forme d’étoile existe toujours, bien d’autres sont désormais possibles : animaux, fleurs, personnages… Cette tradition a pris une telle ampleur qu’elle s’est exportée dans d’autres pays au fil des décennies. Chez nous, elle est même inscrite au Patrimoine Culturel Immatériel depuis 2015 !
Une bien belle tradition qui mêle différentes origines à travers le globe… pour notre plus grand plaisir, et le vôtre… n’est-ce pas ?
Créatif.ve.s dans l'âme, peut-être avez-vous confectionné vos propres piñatas et fait perdurer cette animation pour petits et grands ? Partagez-nous vos réalisations, en commentaire sur Facebook ou via notre formulaire de contact.