Le rouge à lèvres, un bâton de beauté et de pouvoir millénaire, passé de la sphère intime à l'embellissement quotidien
Le 26 juillet 2022
Mode
Touche finale d’une mise en beauté parfaite, jour après jour et pour de grandes occasions, le rouge à lèvres est parmi les incontournables des trousses maquillage dignes de ce nom. Carmin, pourpre, brun ou rosé, il est riche d’une longue histoire.
“Si vous êtes triste, mettez du rouge à lèvres et attaquez”, édicte ainsi la célèbre Coco Chanel. Mettre du rouge à lèvres est sans doute le geste le plus vieux que l’on assimile au maquillage. De nos jours, il se porte au quotidien, lorsque l’on se rend au travail, quand nous allons boire un café en terrasse ou nous rendons à un mariage.
Il en existe une multitude de couleurs, permettant à toutes les carnations de trouver la teinte qui leur sied le mieux. Madmoizelle rapporte d’ailleurs que, dans le monde, avant la pandémie qui a fait chuter les achats en produits de beauté, c'étaient 27 tubes de rouge à lèvre qui étaient vendus chaque seconde, soit 850 millions de tubes achetés chaque année. Un produit accessible et populaire devenu indispensable qui, pourtant, est lié à un certain esprit de rébellion.
Un geste de beauté, vieux comme le monde
On ne peut pas dater précisément la première utilisation du rouge à lèvres. Certains disent que ce sont les Égyptiens qui ont commencé à l’utiliser, avec la reine Cléopâtre qui broyait alors des insectes pour obtenir la couleur rouge, ou de l’extrait d’algues rouges. D’autres affirment, au contraire, que ce sont les civilisations mésopotamiennes qui en sont les précurseurs, lorsque les femmes mélangeaient différentes pierres semi-précieuses pour colorer leur bouche.
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Ce dont on est sûr, comme l’affirme l’écrivaine Rebecca Benhamou sur Brut, c’est que le rouge est la première couleur à avoir été maîtrisée par l’humanité.
La création du rouge à lèvres solide
Il faut savoir qu’avant d’avoir la forme de bâton que nous lui connaissons, le rouge à lèvres se trouvait en pommade. Il s’appliquait à l’aide d’un pinceau, appelé “putois”, ou des doigts. À cette époque, il n'était mis que dans la sphère privée. C’est au Xe siècle que le physicien et grand chirurgien arabe, Aboulcassis, invente le rouge à lèvres solide. Mais au même moment, l’Église a banni l’utilisation du maquillage, en faisant un péché.
Plus tard, au XIXe siècle, la maison Guerlain, invente le premier tube de rouge à lèvres. Appelé “Ne m’oubliez pas”, il est en pommade de cire et se compose de beurre et d’extrait de pamplemousse. Un produit qui, pourtant, était toujours considéré comme déviant et associé aux prostituées et aux actrices.
C’est en 1915 que l’Américain Maurice Levy imagine un cylindre en métal muni d’un petit levier, permettant de sortir la barre de rouge à lèvres et ensuite de la remettre dans son logement. Une innovation qui, huit ans plus tard, a connu une évolution grâce au ressort d’un autre Américain. James Bruce Mason Jr. a déposé un brevet pour le rouge à lèvres pivotant, tel que nous le connaissons et que vous avez - peut-être - dans votre sac à main.
Les femmes aux lèvres rouges
La reine Élisabeth Ière est, sans doute, l’une des célébrités de l’époque adeptes du rouge à lèvres rouge. Elle le démocratisera avec l’utilisation des poudres pour visages blanches et de peintures à lèvres. Toutefois, son maquillage tant aimé a nui à sa santé. Des traces de plomb auraient été retrouvés dans les pigments qu’elle utilisait.
En France, arborer du rouge devint une déclaration d’indépendance, d’audace et surtout une affirmation de “soi” pour les femmes, grâce à Sarah Bernhardt, alors devenue un symbole pour sa génération, qui avait en permanence les lèvres teintes.
Un symbole de résistance
Le magazine Elle confirme, par ailleurs, le rôle du rouge à lèvres comme arme politique : “Vingt mille suffragettes vêtues de blanc défilent pour réclamer le droit de vote. Toutes ou presque portent du rouge à lèvres, jusqu’alors réservé aux 'filles de mauvaise vie'.”
Ce simple objet est devenu politique, car la manière dont les femmes choisissaient de se montrer en public était scrutée, interprétée, débattue et ou instrumentalisée. Bien qu’aujourd’hui le rouge à lèvres - célébré chaque 29 juillet avec la Journée nationale du rouge à lèvres - ne soit associé qu’au maquillage, d’autres objets ont pris sa place, comme on peut le voir avec le mouvement #nobra (sans soutien-gorge, ndlr).
Dans les années 70, le rouge à lèvres a connu une perte de popularité : il n’était pas en adéquation avec le mouvement hippie, proche du naturel. Dans les années 80, il est à nouveau rétabli avec le disco, où paillettes et couleurs vives sont de sortie.
Depuis, le rouge à lèvres est devenu un indispensable du maquillage et est présent sur (presque) toutes les lèvres. Vous pouvez choisir que vos lèvres soient teintées de couleurs “nude” (couleur chair, ndlr) pour le travail, d’un rose pâle pour un baptême ou encore d’un rouge bordeaux pour une soirée entre ami.e.s. C’est d’autant plus vrai que sa composition ne met plus la santé en danger et tend à être toujours plus respectueuse de l’environnement et des animaux.
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