Temps prohibés : ces 5 périodes du calendrier annuel auxquelles nos ancêtres ne se mariaient pas
Se marier quand on veut ? Pas si simple autrefois ! Sous l’Ancien Régime et bien après, le calendrier imposait des interdits formels, appelés temps prohibés. Entre religion, travaux agricoles et superstitions, certaines périodes de l’année étaient à proscrire pour célébrer son union. Avent, carême, mois de mai, été ou novembre : tour d’horizon de ces moments où l’amour devait attendre.

Planifier son mariage, c’est souvent une histoire de timing parfait. Aujourd’hui, on choisit une date pour des raisons pratiques ou symboliques. Mais autrefois, pendant des siècles, nos ancêtres faisaient face à une contrainte supplémentaire et non négociable.
Bien avant l’ère des wedding planners et des save-the-date, il fallait composer avec le calendrier ecclésiastique, les interdits religieux, les superstitions locales et les réalités du quotidien. De nombreuses périodes de l’année étaient ainsi jugées inappropriées, voire totalement proscrites, pour s’unir devant Dieu et la communauté.
Définis par l’Église catholique, ces temps prohibés imposaient un rythme bien précis aux unions matrimoniales. Leur influence s’est prolongée bien après la Révolution, marquant la planification des mariages jusqu’au début du XXe siècle. Aujourd’hui encore, certaines de ces anciennes croyances subsistent dans les traditions populaires. Il n’est pas rare, par exemple, d’entendre qu’il ne faut pas se marier en mai ou en novembre.
Les temps prohibés de l'Avent et de Noël
La période de l'Avent, qui commence le quatrième dimanche avant Noël et s'étend jusqu'au 24 décembre, constitue traditionnellement un temps prohibé majeur pour les unions matrimoniales. Selon les années, l'Avent commence au plus tôt le 27 novembre, et au plus tard le 3 décembre. Cette prohibition se prolongeait durant le temps de Noël, qui s'étendait de Noël à l'Épiphanie, le 6 janvier. Sous l'Ancien Régime, il était formellement interdit de se marier durant les temps de l'Avent et de Noël, ce qui représentait une durée comprise entre 35 et 41 jours.
Le système des dispenses exceptionnelles
Des exceptions étaient possibles pour les mariages considérés comme "urgents". Dans ces cas, les futurs époux devaient demander une dispense de temps prohibé, qui était mentionnée dans les actes de mariage des registres paroissiaux. Par exemple, un couple s'est marié le 21 décembre 1682 avec une "dispense de deux bans" et une "permission du temps de l'avent". Sept mois plus tard, l'épouse donnait naissance à leur premier enfant, ce qui explique probablement l'urgence de cette union.
L'évolution après la Révolution française
Après la Révolution française, de nombreux ancêtres ont continué à éviter de se marier durant ces deux périodes par tradition. Cependant, le respect de cette ancienne interdiction a progressivement décliné tout au long du 19ème siècle. Vers 1900, elle n'était plus respectée que sur la moitié du territoire français.
Le temps prohibé du Carême
Une interdiction rigoureuse sous l'Ancien Régime
Le Carême représentait un autre temps prohibé majeur pour les mariages dans la tradition chrétienne. Cette période de 46 jours entre le Mardi Gras et le dimanche de Pâques excluait toute célébration festive, y compris les unions matrimoniales.
Sous l'Ancien Régime, le carême était strictement considéré comme un "temps prohibé" pour le mariage. Les mariages étaient donc interdits, à moins d'obtenir une dispense spéciale. Cette interdiction s'étendait même jusqu'à l'octave de Pâques, c'est-à-dire le premier dimanche après Pâques. Au total, cela représentait une durée de 54 jours, soit presque deux mois complets sans possibilité de se marier.
Une tradition persistante jusqu'au 20ème siècle
Contrairement à d'autres interdits qui se sont progressivement estompés, cette prohibition a continué d'être très respectée durant tout le 19ème siècle, et même durant la première moitié du 20ème siècle. Les statistiques montrent qu'encore à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, on observait des pics de mariage juste avant le début du carême, et juste après Pâques, preuve que nos ancêtres continuaient d'éviter cette période pour leurs unions.
Le mois de mai , origine d'une superstition tenace
Avec l'arrivée du printemps, saison symbole de renouveau et de fertilité, on pourrait penser que le mois de mai serait idéal pour un mariage, mais cela ne fait pas l'unanimité. Dans certaines régions de France, il existait également une tradition consistant à ne pas se marier au mois de mai. On jugeait qu'il était inconvenant de consommer le mariage durant le "Mois de Marie". Cette association religieuse provient d'une transformation culturelle : le mois de mai était initialement consacré à la déesse romaine Maia, mais au cours du Moyen Âge, ce mois est devenu le mois de Marie dans la tradition catholique.
Diffusion géographique au 19ème siècle
Si les prohibitions liées à l'Avent ou au Carême qui remontent à des siècles, la tradition d'éviter le mois de mai est apparue plus tardivement, au tout début du 19ème siècle. Elle s'est d'abord développée dans quelques départements du Centre, des Pays de la Loire et du Poitou, avant de se diffuser progressivement, tout au long du 19ème siècle, dans d'autres régions : l'Aquitaine, le Limousin, le Midi-Pyrénées, l'Auvergne, le Languedoc, et la Provence.
Proverbes et croyances populaires
Dans ces régions, de nombreux proverbes attestent de cette superstition :
- "Noce de mai, noce de mort"
- "Mois des fleurs, mois des pleurs"
- "Mai commence par une croix, qui s'y marie en porte deux" (référence à la Fête de l'Invention de la Sainte Croix célébrée le 3 mai, supprimée en 1960)
- "Au mois de mai ne se marient que les ânes"
Des disparités régionales marquées
Il est intéressant de noter que cette tradition est restée très largement ignorée dans la plupart des autres régions françaises. Dans tout le nord de la France, la Bourgogne, la Franche-Comté et le Rhône-Alpes, on se mariait tout à fait normalement au mois de mai, sans considération particulière pour cette superstition.
Les mois d'été, la primauté des travaux agricoles
Si de nos jours la période estivale est souvent synonyme de mariage et beau temps, les mois d'été constituaient jadis une période souvent évitée pour les mariages, mais pour des raisons plus pratiques que religieuses. Dans la plupart des régions françaises, les mois de juillet et d'août étaient consacrés aux moissons, ce qui rendait difficile l'organisation de festivités matrimoniales. Les mariages étaient donc souvent reportés en septembre, une fois les travaux agricoles intensifs terminés.
Adaptations régionales selon les activités économiques
Cette règle connaissait des exceptions significatives selon les régions et leurs activités économiques dominantes :
- Régions viticoles : Dans les régions viticoles du pourtour méditerranéen, c'était le mois de septembre qui était évité en raison des vendanges. La plupart des mariages étaient donc avancés au mois d'août, contrairement à la tendance générale.
- Nord-ouest de la France : Dans le quart nord-ouest de la France, la situation était encore différente. Le mois d'août était évité pour les mariages car considéré comme un mois consacré à la Vierge, avec notamment les processions de l'Assomption. Les unions étaient donc planifiées de préférence en juillet ou en septembre.
Ces variations régionales montrent comment les contraintes religieuses et économiques s'entremêlaient pour façonner les calendriers matrimoniaux traditionnels.
Le mois de novembre, une tradition récente et localisée
Le mois de novembre constituait la cinquième période traditionnellement évitée pour les mariages, mais cette coutume était géographiquement plus limitée et d'apparition plus récente que les autres temps prohibés.
Dans le Poitou et en Dordogne, la tradition voulait qu'on ne se marie pas au mois de novembre, par respect pour les morts. Cette pratique n'est apparue que tardivement, vers 1850, d'abord dans la Creuse, avant de se diffuser dans les régions voisines.
Renforcement après la Première Guerre mondiale
Cette tradition s'est particulièrement renforcée au 20ème siècle, durant l'entre-deux-guerres, en raison des commémorations du 11 novembre instituées après la Première Guerre mondiale.
Un respect exceptionnellement strict dans certaines régions
Bien que cette coutume ne se soit pas beaucoup répandue, elle a été extrêmement suivie dans ces régions :
- En Dordogne et en Haute-Vienne, plus de 80% de la population respectait cette prohibition matrimoniale en novembre.
- Dans la Creuse, le respect de cette tradition était encore plus marqué, avec plus de 90% de la population qui l'observait. En d'autres termes, il n'y avait presque aucun mariage célébré en novembre dans cette région.
Les temps prohibés de mariage témoignent de la façon dont les rythmes religieux, les croyances populaires et les nécessités pratiques façonnaient jadis les grands moments de la vie. Ces interdits, aujourd'hui largement oubliés, nous rappellent qu'autrefois, on ne se mariait pas quand on voulait. Les mariages suivaient le rythme des saisons, respectaient les règles et traditions religieuses, et s'adaptaient aux contraintes des travaux agricoles.
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Questions fréquemment posées
Peut-on se marier pendant l’Avent ou le carême ?
Sur le plan religieux, l’Église catholique recommande traditionnellement d’éviter ces périodes de recueillement pour organiser des mariages, car elles sont associées à la prière, la pénitence et l’attente spirituelle. Cependant, ce n’est pas une interdiction absolue. Il est parfois possible de célébrer une union pendant l’Avent ou le carême, à condition d’obtenir une dispense auprès du diocèse ou de l’autorité ecclésiastique compétente.
Peut-on encore demander une dispense aujourd’hui ?
Oui, absolument. Si vous souhaitez célébrer un mariage religieux pendant un temps prohibé, il est toujours possible de demander une dispense à l’Église. Celle-ci est accordée au cas par cas, en fonction des circonstances et de l’avis de l’évêque ou du curé. Il est donc essentiel d’en parler dès le début avec votre officiant, surtout si vous visez une période comme le carême ou l’Avent.
Ces interdictions étaient-elles les mêmes dans toutes les régions de France ?
Non, si certaines prohibitions comme celles liées au Carême étaient largement respectées, d'autres variaient considérablement selon les régions. Par exemple, l'interdiction de mariage en mai était suivie dans le sud et l'ouest de la France, mais ignorée dans le nord.