Trop d’amour tue l’amour : gare au “love bombing” avant de dire “oui”

Le 05 mai 2025 On en parle

Séduction éclair, serments d’éternité murmurés dès les premiers rendez-vous, projets de noces alors que le champagne des premières rencontres pétille encore… Ce qui pourrait sembler être un coup de foudre providentiel cache parfois les rouages d’une emprise émotionnelle. Le love bombing, ce bombardement affectif aussi flatteur qu’empoisonné, n’épargne pas les idylles en route vers l’autel : certaines demandes en mariage précipitées relèvent moins de l’amour que d’une quête de pouvoir.

C’est le scénario rêvé d’une comédie romantique (un peu trop) bien huilée : des "je t’aime" avant même le deuxième café, des fleurs qui débarquent à la pause déj’, des déclarations nocturnes ciselées comme des vers de Rimbaud… Et, très vite, des plans de vie en accéléré, entre prénoms d’enfants projetés et choix du traiteur déjà dans la boucle. L’âme sœur tombée du ciel ? Peut-être. Ou peut-être pas. Parfois, derrière cette effusion calibrée, se niche une tout autre intention : celle du love bombing (bombardement d'amour, ndlr). 

Sous ce nom qui sonne comme une opération militaire sentimentale, se dissimule une stratégie d’emprise redoutablement bien ficelée. L’idée ? Inonder l’autre de preuves d’amour tapageuses, non pas tant pour construire quelque chose à deux… mais pour mieux enserrer l’autre dans une toile affective. Et le piège se referme souvent quand tout semble encore palpitant et sincère : au tout début, quand l’intensité émotionnelle brouille les signaux d’alarme. 

Car après la flambée, parfois, vient la bascule : les attentes deviennent démesurées, les doutes mal reçus, les critiques déguisées en inquiétudes. Alors si, après trois semaines et deux verres de spritz, vous en êtes déjà à parler alliances, liste des invités et robe en dentelle ivoire, il est peut-être temps de lever un sourcil interrogateur. Entre véritable élan amoureux et mise en scène millimétrée, il y a parfois un fossé… que seul un peu de recul permet de repérer. 

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Derrière l’intensité, l’ombre du contrôle émotionnel 

Queen le chantait déjà : "Too much love will kill you" (trop d’amour te tuera, ndlr). Une phrase qui sonne aujourd’hui presque comme une prophétie. Car derrière les textos édulcorés, les week-ends surprises et les promesses éternelles distillées à un rythme frénétique, se cache souvent un dessein plus trouble. Comprenez bien qu’il ne s’agit pas d’un simple excès de zèle amoureux, mais bien d’une stratégie - parfois insidieuse, parfois inconsciente - de prise de pouvoir émotionnel. 

Le mode opératoire est rôdé : séduire à grand renfort de démonstrations spectaculaires, noyer l’autre sous les attentions, et tisser en filigrane une toile de dépendance. Le partenaire, grisé par cette dévotion soudaine, baisse la garde, confond intensité et sincérité. C’est souvent là que le vernis craque : les attentions se muent en exigences, l’inquiétude devient contrôle, et la passion vire à la possessivité. Peu à peu, l’envoûtement cède la place à une forme insidieuse de dévalorisation. 

Les signaux d’alerte à ne pas ignorer 

Il y a des élans qui font rêver… et d’autres qui devraient alerter. Quand l’idée du mariage surgit alors que l’on peine à se souvenir de la date du premier rendez-vous, un voyant rouge devrait s’allumer. Les déclarations d’amour, d’une intensité presque théâtrale, pleuvent généralement à un rythme déconcertant : "Tu es l’amour de ma vie", "Je n’ai jamais ressenti ça pour personne", lâchés comme des formules magiques censées tout sceller en quelques jours. 

Le besoin d’être en contact permanent devient rapidement étouffant : messages à répétition, appels insistants, réactions inquiètes au moindre silence. Chaque moment de distance est interprété comme une trahison ou un signal d’alarme. Les grandes démonstrations – cadeaux hors de prix, surprises spectaculaires – s’enchaînent, non pas comme de tendres attentions, mais comme autant de preuves irréfutables que l’autre ne saurait douter. Et surtout, tout semble devoir aller vite, trop vite : emménager, rencontrer les proches, parler mariage ou enfants avant même d’avoir appris à gérer un désaccord ou une soirée sans l’autre. 

À la moindre résistance, c’est le drame. Une remarque devient un rejet. Un besoin de temps, une offense. L’autre se pose alors en victime, vous accuse d’être distant, ingrat, voire cruel. Ce n’est plus une romance, mais un jeu de rôles où l’amour sert de prétexte à l’appropriation. Car derrière cette effusion se cache parfois une incapacité à construire une relation patiente, équilibrée, fondée sur l’altérité réelle et l’écoute sincère. 

Ce que disent les psys : l’amour, ce n’est pas le choc, c’est la construction 

L’amour véritable, répètent les psychologues, ne s’emballe pas : il se tisse avec lenteur, avec nuance, avec temps. À rebours des promesses fulgurantes et des emballements de cinéma, il s’épanouit dans le quotidien, les doutes, les silences partagés. Le love bombing, lui, s’inscrit dans une dynamique relationnelle toxique, souvent marquée par un cycle d’idéalisation puis de dévalorisation. Comme souligné dans un article de la BBC, ce phénomène repose sur une stratégie de séduction excessive, suivie d’un brusque retrait ou d’un changement de comportement dès que l'autre cesse de correspondre à l’image idéalisée. 

Cette alternance - euphorie exaltée puis distance brutale - crée une confusion affective, une instabilité émotionnelle dont il devient difficile de s’extraire. On s’attache à l’intensité plus qu’à la personne. Or, une relation équilibrée n’a pas besoin de ces montagnes russes émotionnelles. Elle ne fuit pas l’imperfection, elle l’intègre comme matière à construire. Les vraies fondations d’un engagement durable ne reposent pas sur l’urgence, mais sur une lente exploration de la compatibilité, une capacité à dialoguer dans la contradiction, à aimer l’autre sans le sublimer ni le posséder. 

Dans cette perspective, le projet de mariage ne devrait jamais être une issue précipitée, mais une destination réfléchie, choisie après avoir traversé ensemble bien plus qu’une lune de miel anticipée. 

Se protéger, sans renoncer à l’amour ? 

Attention, se protéger ne signifie pas ériger des murs infranchissables, ni renoncer à vibrer. Il est tout à fait possible de vivre un début de relation exalté. En fait, il est même normal, au début, de se sentir éperdument amoureux car les hormones et les neurotransmetteurs sont à leur apogée. Les experts s'accordent à dire qu'il n'y a rien de mal à se laisser aller à des démonstrations d'affection profondes et intenses. 

La passion n’est pas forcément toxique - c’est sa vitesse, son insistance, son incapacité à laisser respirer, qui devraient alerter. L’amour n’a rien à craindre de la lenteur. Au contraire, ce qui mérite d’être vécu mérite d’être attendu, éprouvé et nuancé. 

Il est donc important d’apprendre à dire non sans culpabilité, à poser des frontières sans s’excuser. Même quand l’autre semble “trop parfait”...surtout quand il semble trop parfait, d’ailleurs. La vigilance ne tue pas l’amour, elle en est parfois la condition de survie. Restez donc à l’écoute de votre météo intérieure : vous sentez-vous libre d’être vous-même, de douter, de respirer sans devoir justifier chaque soupir ? Ou bien l’intensité de l’autre vous étouffe-t-elle au point de brouiller vos instincts ? 

Dans ces moments flous, les regards extérieurs sont précieux. Un ami, un parent, une sœur peuvent percevoir ce que l’on ne veut pas encore voir. Et si le doute persiste, si l’excitation vire à l’angoisse, si la relation semble aspirer plus qu’elle n’élève, alors il est peut-être temps d’appuyer sur le bouton “pause”. Aimer n’est pas se perdre. C’est avancer à deux, sans pression ni mise en scène, dans un espace qui accueille la complexité sans vouloir la simplifier à coups de promesses... souvent trop belles pour être vraies. 

Ralentir pour mieux s’aimer 

Gardez à l’esprit que le love bombing n’est pas toujours malveillant, mais il est rarement sain. À l’heure où l’on érige l’intensité en preuve d’amour et où les apparences font trop souvent illusion, il devient nécessaire de réapprendre à aimer sans précipitation : avec lucidité, patience, et un goût retrouvé pour la lenteur.  

Ainsi, avant de s’engager dans un mariage ou un projet de vie à deux, mieux vaut s’assurer que la relation est fondée sur des bases solides : respect, temps partagé, communication réelle. Car un mariage réussi ne commence pas par une explosion d’amour… mais par une construction patiente et authentique. 

L’amour se construit dans le temps, tout comme le mariage. Trouvez le lieu qui accompagnera ce projet de vie, et laissez ABC Salles et ses équipes vous guider dans ce chemin vers l’authenticité !