Comment les espaces de coworking participent à la dynamisation des territoires ?
Le 26 août 2022
On en parle
Des grandes métropoles urbaines aux petits villages de campagne, ils fleurissent partout. Les bureaux partagés sont des tiers-lieux devenus incontournables pour les travailleurs ayant pris goût au digital nomadisme depuis la crise sanitaire, comme pour ceux qui ne disposent pas de structure fixe et ont besoin de concentration pour pouvoir mener à bien leurs missions professionnelles. Salariés et indépendants s’y retrouvent alors et, à leur manière, garantissent la vitalité des communes.
Ils sont l’un “des piliers de la relance”, exprimait Jean Castex en avril 2022, alors qu’il campait le rôle de Premier ministre. Espaces physiques vecteurs de lien social, d’émancipation et d'initiatives collectives, les fablabs, campus connectés, ateliers partagés, friches culturelles où les artistes viennent tenir résidence, salles de coworking et autres tiers-lieux se sont développés avec le déploiement du numérique partout en France. A propos des espaces de travail partagés : si leur histoire a débuté "à Berlin dans les années 90, où une communauté d'informaticiens se regroupaient régulièrement pour échanger des bonnes pratiques”, retrace pour nous Manon Werquin, Responsable communication et insertion du Clockwork Coworking Café, c’est pourtant depuis la crise sanitaire, inhérente à la Covid-19, que leur utilisation semble s’être démocratisée.
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La pandémie a, en effet, conduit à une explosion du télétravail en France pour les professions pouvant s’y soumettre afin d’endiguer autant que possible la propagation du coronavirus. Pouvoir se rendre dans ces espaces d’intense collaboration, quand cela a à nouveau été rendu possible, a ainsi permis à des professionnels de tout bord de bénéficier des avantages déjà pensés alors par ces établissements : “pouvoir sortir de l’isolement du domicile, rencontrer des pairs et des personnes de tout horizon, avoir accès à un espace de travail adéquat et sécurisé (connexion wifi, bureau, espace dédié, etc...), pouvoir travailler en équipe en présentiel pour les entreprises 100 % en télétravail, être plus productif puisque l’atmosphère de ces lieux permet d'être plus concentré et de ne pas être dérangé par le chat ou les tâches domestiques par exemple, mais aussi s'assurer d'avoir un équilibre entre vie personnelle et professionnelle”.
“L’atmosphère de ces lieux permet d'être plus concentré et de ne pas être dérangé par le chat ou les tâches domestiques, par exemple”
De nouvelles habitudes sont nées en deux ans de temps. La situation sanitaire inédite et mondialement vécue a été un accélérateur du changement tant et si bien qu’aujourd’hui, il est tout bonnement hors de question pour certains de renouer avec leur vie d’avant, faites d’open spaces, de collègues au quotidien et d’heures de bureau en présentiel. Les mentalités et le rapport au travail ont complètement évolué et, si le phénomène n’est pas encore aussi impressionnant qu’aux Etats-Unis, de la perte de sens à la prise de conscience massive, nombreux sont celles et ceux à avoir claqué la porte au nez d’une vie bien rangée façon “métro, boulot, dodo” pour se mettre à leur compte, détaille L’Express, quand d’autres ont embrassé le digital nomadisme, leur permettant d’être productifs de là où ils veulent dans le monde. Autant d’actifs à qui il arrive – ou arrivera dans un futur plus ou moins proche, donc, d’avoir recours à ces lieux dédiés au travail pour pouvoir se retrouver et faire avancer leurs projets...
Tous travailleurs... mais pas tous salariés
La France compte “2 700 espaces de coworking”, rappelle Manon Werquin. On y vient tant pour travailler que pour participer à “des événements collaboratifs professionnels en tout genre, comme des conférences, débats, témoignages, jobs dating, rencontres client, soirées cohésion, pots conviviaux et afterworks, partages de pratiques, ateliers et formations professionnelles ou activités de bien-être.” Ce sont des lieux pluriels, véritablement adaptés à tous les profils. “Il est important de noter que la plupart des utilisateurs de ces espaces ne sont pas uniquement et surtout majoritairement pas des salariés télétravailleurs”, explique-t-elle, avant d’aller plus loin : "dans notre espace, par exemple, ils [les salariés télétravailleurs, ndlr] représentent 33 % de notre cible. Les 77 % restants sont des indépendants, des auto-entrepreneurs, des freelances et des coachs/formateurs”. D’où la multiplicité des activités qu’il est possible d’y voir s'y dérouler.
“Les coworkings peuvent également devenir acteurs du territoire en proposant des projets avec des pouvoirs publics, des collectivités et des associations”, approfondit la Responsable communication du Clockwork, qui se raconte aussi sur un blog. "A travers notre projet d'insertion professionnelle en réseau, appelé "Ré-actifs”, nous proposons un parcours d'accompagnement à la recherche d'emploi et à la création d'activité pour les jeunes de la métropole qui sont identifiés par Pôle Emploi et les Missions Locales de Lille. Au programme : ateliers remobilisation et estime de soi, accès gratuit au coworking, rencontres avec le réseau de coworkeurs et mentorat.”
Le mariage heureux des bureaux partagés et des commerces
Des lieux de synergie entre les professionnels d’hier, d’aujourd’hui et de demain, mais pas seulement. Les espaces de coworking fonctionnent aussi ainsi avec les communes au sein desquelles ils sont installés, participant à leur activité économique. A l’origine, ils étaient “implantés dans les grandes villes et les quartiers d'affaires pour les rendre plus accessibles”, analyse Manon Werquin, avant d’ajouter : “mais je pense que demain la dynamique sera différente”. Pour elle : “ils se rapprocheront sûrement des domiciles des coworkeurs dans les années à venir […] et donc des communes en développement, ce qui permettra une redynamisation du territoire par l'activité économique. En effet, les usagers qui viennent travailler dans ces espaces ont besoin d'avoir accès aux services situés aux alentours de celui-ci : restaurants, bars, pressings/couturières, crèches, épiceries, superettes...”
“C'est à travers la création d'un écosystème de professionnels dans notre espace que nous participons donc, au moins en partie, à la dynamisation du territoire des Hauts-de-France. Ces professionnels se déplacent jusqu'à leurs bureaux, chez nous, pour rencontrer d'autres professionnels afin d'échanger et parfois, cela crée des opportunités de business. Puis qu’ils soient salariés télétravailleurs, auto-entrepreneurs ou indépendants, ils favorisent l'activité économique des commerces autour de notre lieu”, conclut-elle.
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