La fête d’Halloween fait-elle encore peur ?

Le 29 septembre 2025 On en parle

Citrouilles aux sourires trop parfaits, costumes de super-héros plus populaires que ceux de vampires : Halloween semble avoir troqué la peur contre l’esthétique populaire. Autrefois dédiée aux monstres et aux fantômes, la fête d’octobre devient un terrain de jeu créatif et joyeux. Mais la frayeur a-t-elle totalement disparu derrière les filtres Instagram ?

Il fut un temps où Halloween évoquait l’ombre d’une ruelle déserte, le cri strident d’un film d’horreur et la silhouette menaçante de Michael Myers poursuivant ses victimes à chaque nouvelle suite cinématographique. Aujourd’hui, pourtant, l’ambiance a changé. Les maisons ne rivalisent plus seulement de toiles d’araignée et de squelettes sanguinolents, mais de citrouilles pastel, de guirlandes lumineuses et de tables dressées comme pour un mariage bohème chic. Halloween s’est métamorphosée : du rite païen aux soirées fluo, elle illustre comment la culture populaire a transformé la peur en produit dérivé tendance. 

Des origines païennes à la version hollywoodienne 

Halloween puise ses racines dans la fête celtique de Samhain, célébrée il y a plus de 2000 ans pour marquer la fin des moissons et l’entrée dans la saison sombre. Les esprits des morts étaient censés franchir la frontière entre les mondes, justifiant les déguisements effrayants censés les tromper. 

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Au fil des siècles, cette tradition a traversé l’Atlantique, s’est américanisée et a trouvé son climax dans les années 70-80 : une époque où les films d’horreur étaient rois et où Halloween devenait le décor idéal pour terrifier les spectateurs. Qui n’a pas sursauté devant un rideau qui bouge ou un masque blanc surgissant dans la nuit ? 

Quand les monstres laissent place aux icônes pop 

Mais depuis quelques années, Dracula et Frankenstein se font damer le pion par Harley Quinn, Pikachu ou encore Elsa de La Reine des Neiges. Dans les soirées comme dans les rues, les costumes effrayants cèdent du terrain aux personnages de pop culture. Halloween est devenue une vitrine de créativité où l’horreur est facultative. 

Les réseaux sociaux, en particulier Instagram et TikTok, ont favorisé cette évolution : le but n’est plus de faire peur mais de séduire par l’originalité, le fun et le "like". Le maquillage artistique, les filtres et les tutos make-up remplacent les balafres ensanglantées et les fausses dents de vampire. 

De la citrouille sanglante à la déco Pinterest-friendly 

La décoration d’Halloween elle aussi s’est transformée. On est loin des sacs de bonbons tachés de rouge artificiel et des squelettes fluorescents en plastique. Désormais, on parle de tables dressées façon Pinterest, de bouquets de fleurs séchées intégrant de petites citrouilles, ou encore de citrouilles blanches et dorées assorties aux nappes de lin. 

Cette esthétisation de l’horreur traduit un changement : Halloween se rapproche désormais des autres événements festifs, qu’il s’agisse de mariages, d’anniversaires ou même de soirées d’entreprise. L’objectif ? Offrir une expérience conviviale, photogénique et partageable. 

L’influence des réseaux sociaux : du cri au selfie 

Il est difficile de parler d’Halloween sans mentionner l’impact des réseaux sociaux. Chaque année, les hashtags #HalloweenMakeup et #HalloweenParty explosent. Les utilisateurs partagent moins des histoires de fantômes que des tutos pour réussir un smoky-eye façon sorcière glamour ou un DIY pour transformer une citrouille en vase bohème. Halloween est devenue une scène digitale mondiale, où chacun expose son talent créatif. On ne tremble plus devant l’écran, on scrolle. 

La peur a-t-elle totalement disparu ? 

Si la frayeur semble moins au rendez-vous de prime abord, elle n’a cependant pas tout à fait disparu. Les amateurs d’épouvante trouvent toujours leur bonheur dans les maisons hantées reconstituées, les soirées thématiques sanglantes ou les marathons de films d’horreur. Mais ces expériences restent marginales par rapport au raz-de-marée festif et commercial. 

Halloween continue d’être le prétexte idéal pour jouer avec la peur… mais dans une version édulcorée, presque ludique. La peur est devenue un accessoire, au même titre qu’une perruque fluorescente ou qu’une couronne de fleurs noires. 

Une fête en mutation, entre horreur et glamour 

Halloween n’a pas perdu son âme, elle a simplement muté. Comme un vampire qui change de visage selon les époques, elle s’adapte aux envies et aux codes de chaque génération. 

Hier : l’épouvante pure et dure 

Fantômes, légendes et silhouettes terrifiantes dominaient les nuits d’Halloween. Les masques de Scream, les griffes de Freddy Krueger ou la présence glaçante de Michael Myers incarnaient la quintessence de la terreur. Ces figures culte ont marqué l’imaginaire collectif et façonné la réputation d’Halloween comme fête des cauchemars. 

Aujourd’hui : la créativité et la pop culture 

La peur brutale laisse place à l’esthétique et au clin d’œil geek. Les zombies de The Walking Dead envahissent les soirées déguisées, les chasseurs de démons de Supernatural inspirent encore les cosplayeurs, et Mercredi Addams est devenue l’icône goth-pop par excellence sur TikTok. 

À leurs côtés, Harley Quinn et le Joker continuent de séduire par leur duo explosif, mêlant folie, glamour et danger. Les héros de Stranger Things, d’Eleven à Eddie Munson et sa guitare endiablée, incarnent à merveille cette génération qui préfère l’imaginaire fun et décalé aux frayeurs sanglantes. 

Demain : un hybride entre horreur et glamour 

Et si l’avenir d’Halloween se dessinait dans un mélange des genres ? On pourrait assister à des scénographies où l’esthétique d’un bal masqué rencontre l’intensité d’un film d’épouvante. Des fêtes spectaculaires où l’horreur devient chic, et où les codes gothiques dialoguent avec les tendances mode et Instagram. 

Halloween ne fait plus vraiment peur, mais elle continue de fasciner et de se réinventer. Sa capacité à dialoguer avec les références de chaque génération lui garantit une longévité presque immortelle. 

Halloween a troqué ses frissons pour des likes, ses monstres pour des héros et ses films d’horreur pour des tutos make-up. La fête s’est transformée en terrain de jeu créatif, où chacun invente son univers, entre fun, esthétique et nostalgie des frayeurs passées.  Alors, peur ou pas peur ? Peu importe. Halloween, plus qu’une fête, reste un miroir de notre époque, où la peur se consomme avec modération, mais où le plaisir, lui, se partage sans fin. 

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